Rechercher un rapport, une publication, un expert...
L'Institut Montaigne propose une plateforme d'Expressions consacrée au débat et à l’actualité. Il offre un espace de décryptages et de dialogues pour valoriser le débat contradictoire et l'émergence de voix nouvelles.
16/08/2012

Gilles Kepel, "La banlieue au cœur de la République"

 Institut Montaigne
Auteur
Institut Montaigne



Gilles Kepel, professeur des universités à Sciences Po, a participé à l’ouvrage collectif Réformer par temps de crise. Il revient dans sa contribution sur les conclusions de l’enquête de terrain « Banlieue de la République » (octobre 2011) effectuée pendant une année dans deux villes de Seine-Saint-Denis (93), Clichy-Sous-Bois et Montfermeil, épicentres des émeutes de 2005. Les quartiers où l’étude s’est déroulée concentrent de nombreux handicaps : enclavement, chômage, échec scolaire, insécurité.

Réinterroger les programmes de Rénovation Urbaine au regard des problèmes sociaux

C’est au sein des localités de Clichy-Sous-Bois et de Montfermeil qu’a été lancé, en 2006, le plus vaste plan de Rénovation urbaine jamais engagé. L’enquête montre que c’est la capacité de la Rénovation Urbaine à s’articuler avec le social et à agir sur les maux structurels que sont le chômage, l’enclavement et l’absence de mixité qui garantira sa réussite. Gilles Kepel analyse de façon transversale les problèmes socioéconomiques de ces quartiers, en les mettant en lien avec quatre domaines d’intervention à privilégier : les politiques éducatives, les politiques de sécurité, les politiques d’ouverture à la diversité et les questions de laïcité.

  • Articuler Politique de la Ville et politiques éducatives : malgré la politique d’éducation prioritaire dans ces quartiers, l’échec scolaire y est plus fort qu’ailleurs. Se dessine une ségrégation spatiale évidente contre laquelle il faut lutter sous peine de voir le phénomène communautariste s’amplifier. Le taux de chômage excessif est clairement corrélé à cet échec scolaire : 43% des jeunes des quartiers sensibles sont au chômage.


  • Répondre aux attentes en termes de sécurité : les émeutes de 2005 sont emblématiques du profond divorce entre police et population dans ces quartiers. La restauration de la sécurité ne peut se réduire à une politique de répression : celle-ci n’a d’efficacité sociale que si elle se déploie en parallèle avec prévention et dissuasion, largement délaissées dans ces territoires.


  • Ouvrir la représentation politique à la diversité : les banlieues sont loin d’être des déserts politiques. L’intérêt pour la chose publique y revêt cependant des formes particulières et notamment une imbrication forte du politique et du religieux avec en toile de fond une identification compliquée à la nationalité française. Il existe pourtant un déni d’accès à la représentation politique dans ces quartiers. C’est pourquoi il est essentiel que notre Parlement soit plus représentatif de ces populations.


  • Redonner du sens à la promesse laïque : pour Gilles Kepel, « Sans doute est-ce la faible capacité d’attraction de la promesse laïque qui interroge le plus au terme de cette recherche ». En effet, l’articulation entre attentes cultuelles des musulmans et principes républicains est compliquée. La question du halal comme celle de la construction de la Grande Mosquée de Clichy-Montfermeil sont symptomatiques des difficultés que notre société rencontre pour adapter ses principes à l’évolution de sa population.
Recevez chaque semaine l’actualité de l’Institut Montaigne
Je m'abonne