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08/03/2012

"La lutte contre l'échec scolaire doit être au cœur des préoccupations"

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 Maylis Brandou
Auteur
Directrice adjointe

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Pour la gauche comme pour la droite, l'éducation s'est installée comme un des thèmes importants de la campagne présidentielle 2012. Produits par la Cour des comptes, le Sénat (rapport d'information de Jean-Claude Carle), la Commission pour la libération de la croissance, les partis politiques également… de nombreux travaux ont nourri cette prise de conscience.

Le diagnostic est connu. 20 % des élèves quittent chaque année notre système éducatif sans aucun diplôme. Ils nourrissent d'inquiétantes statistiques sur le chômage des jeunes, qui est le double de celui de la population active. A l'amont, ces jeunes voient leur trajectoire scolaire perturbée longtemps avant leur adolescence, souvent dès l'école primaire.

Rappelons que 78 % des enfants de CSP+ accèdent au baccalauréat contre seulement 18 % pour les enfants d'ouvriers ou d'inactifs. Notre système scolaire rencontre un grave problème d'efficacité, il est aussi particulièrement injuste.

On peut sans difficulté faire crédit aux candidats à l'élection présidentielle devouloir réellement traiter ce problème. A ce stade de la campagne, il serait certes commode de commenter les mesures annoncées par les principaux candidats, mais cette démarche serait incomplète. En effet, un projet de réforme, particulièrement à l'échelle d'un ministère comme celui de l'éducation nationale, doit être assis sur la mobilisation d'une importante capacité politique – comme ce fut le cas pour la réforme des universités en 2007, qui n'est plus discutée qu'à la marge –, sur des hommes et des femmes à même de porterces projets dans la durée, et enfin sur les arbitrages budgétaires au service de ces priorités.

Les propositions désormais sur la table sont-elles à la hauteur de la crise traversée par notre système éducatif ?

  • Point positif, les deux candidats semblent avoir pris la mesure de la situation difficile dans laquelle se trouve notre école primaire – maternelle et élémentaire ; la dégradation des performances de cet échelon essentiel ne date pas d'hier – elle est documentée depuis plus d'une décennie par les différentes études dont nous disposons ;
  • L'injection de moyens supplémentaires suffira-t-elle à porter remède à cette situation ? Rappelons tout d'abord que les moyens humains dédiés à l'enseignement scolaire étaient de 730 000 enseignants pour un total de 10 millions d'élèves, selon le rapport de la Cour des Comptes dédié à l'école en 2010, soit un ratio global d'un adulte pour 13,7 enfants. A priori la pénurie de moyens ne saute pas aux yeux…
  • L'école a du mal à transformer ces ressources en résultat – et c'est le cœur du problème –, parce qu'en tant qu'organisation humaine elle ne parvient plus à attirer les meilleurs pour devenir enseignants, à les former, à lesaffecter là où leur action sera la plus déterminante, à valoriser leur action… De ce point de vue, la composante financière de la revalorisation du métier d'enseignant va dans la bonne direction, mais elle devrait d'abord se concentrersur l'école primaire où le niveau moyen de dépenses par élève est inférieur à celui d'autres pays qui obtiennent de meilleurs résultats que nous.

Plus que l'éducation, c'est bien la lutte contre l'échec scolaire qui doit être au cœur des préoccupations des décideurs publics. A cette fin, l'effort doit portersur l'école primaire et se faire en lien avec une intervention précoce dès la crèche, couplée avec une action intensive sur le langage, sans quoi tous les efforts déployés seront vains.

QUELLES PRIORITÉS POUR LUTTER CONTRE L'ÉCHEC SCOLAIRE ?

1. Dans un contexte budgétaire particulièrement contraint, faire de l'école primaire une priorité absolue, c'est-à-dire inverser la répartition budgétaire actuelle qui favorise le secondaire au détriment de l'école primaire.

2. Miser sur la qualité et la formation des enseignants pour améliorer la performance du système éducatif. La recherche a montré que ce sont les méthodes pédagogiques et les pratiques des enseignants dans les classes qui sont le facteur principal d'amélioration des performances scolaires des élèves.

3. Améliorer l'efficacité pédagogique, notamment en se basant sur les résultats d'expérimentations rigoureusement évaluées portant sur la lutte contre l'illettrisme dès le plus jeune âge. Mettre en œuvre, au sein des crèches, les résultats de ces programmes en formant le personnel à ces pratiques. Cela passe par un développement du nombre de crèches, notamment dans les quartiers difficiles.

Aller plus loin :

- Vaincre l'échec à l'école primaire, Institut Mongtaigne, 2010

- Toutes nos propositions sur l'enseignement primaire et secondaire

- Toutes nos propositions sur l'enseignement supérieur

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