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16/09/2011

Alternance : encore un effort !

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Alternance : encore un effort !
 Maylis Brandou
Auteur
Directrice adjointe



Tribune publiée dans le cadre de notre partenariat avec L'Etudiant/Educpros.fr

Dans son rapport sur l’évaluation des dépenses fiscales publié fin août 2011, l’Inspection générale des finances (IGF) évalue les dispositifs mis en place pour encourager l’apprentissage. Selon les auteurs, "la hausse du nombre d'apprentis entre 2005 et 2007 (+10,6%) laisse penser que les mesures prises en 2005 en faveur de l'apprentissage ont eu un impact positif sur le développement de ce type de formation." Fin décembre 2010, 414 000 jeunes étaient en contrat d'apprentissage et 173 000 étaient en contrat de professionnalisation, pour un total de 587 000 contrats de formation en alternance.

Le sous-emploi des jeunes est structurel en France : le taux de chômage des 15-24 ans n’est en effet jamais passé sous la barre des 15 % depuis 1980. Il a atteint le triste record de 25 % en 2009 [1]. tandis que les taux de chômage des 25-49 ans et des 50-64 ans s’établissent respectivement à 8,7 % et 6,7 % [2] . La situation s’améliore progressivement depuis 2010 (22,8 % au premier trimestre 2011) [3], mais la crise est venue aggraver la situation des jeunes, soulignant ainsi leur grande vulnérabilité.

L’alternance est une des pistes sans doute parmi les plus fécondes pour favoriser l’accès à l’emploi des jeunes diplômés. L’Institut Montaigne a formulé, en septembre 2010, des propositions pour resserrer les liens entre formation initiale et monde professionnel , en appelant notamment à une généralisation de l’alternance à tous les échelons de la formation initiale.

Des initiatives récentes en faveur du développement de l’apprentissage.

L’alternance est un terme général, qui se décline en deux modalités : la première est celle du contrat de professionnalisation, CDD ouvert aux jeunes de 16 à 25 ans et aux demandeurs d'emploi de plus de 26 ans, dans lequel le salarié bénéficie de cours qui ne représentent pas plus de 20 % de son temps de travail. La seconde est celle du contrat d’apprentissage, qui permet aux jeunes de 16 à 25 ans dans le cadre d’une formation initiale, d’alterner entre des périodes théoriques en centre de formation des apprentis (CFA) et en entreprise. Pour favoriser l’insertion professionnelle des jeunes, l’Institut Montaigne propose de valoriser l’alternance et de la généraliser dans l’enseignement supérieur, dès la licence, afin que l’offre ne soit plus cantonnée aux seules formations professionnelles ou aux peu diplômés.

Depuis un an, plusieurs initiatives ont été dans ce sens : le remaniement ministériel de novembre 2010 a débouché sur la création du secrétariat d’Etat à l’apprentissage et à la formation professionnelle, d’une part, et la loi de juillet 2011 [4] fixe comme objectif d’atteindre 800 000 alternants dont 600 000 apprentis d’ici à 2015 [5], d’autre part. Elle met en place un certain nombre de mesures visant à encourager ou contraindre les entreprises à recourir à l’alternance, mais sans prendre suffisamment en compte les différences de capacité d’accueil d’une entreprise à une autre.

L’exemple allemand souligne le besoin de réformes structurelles.

Malgré les initiatives récentes, il manque un changement de paradigme pour réussir véritablement à généraliser l’alternance. Selon le récent rapport de l’IGF évoqué ci-dessus, la France a surtout besoin de mesures structurelles pour soutenir son programme de développement de l’apprentissage. Comparant la situation des apprentis en France et en Allemagne, l’IGF [6] souligne que ce ne sont pas la rémunération de l’apprenti ni son coût pour l’entreprise qui expliquent le succès de l’apprentissage auprès des jeunes. Au contraire, ce sont des réformes structurelles qui favorisent le développement de l’apprentissage : une filière plus structurée et mieux inscrite dans la formation initiale, une orientation plus précoce des élèves, des cycles de formation plus longs (trois ans en moyenne en Allemagne, contre moins de deux pour la majorité des contrats en France), et enfin des débouchés réservés, accessibles uniquement par la voie de l’apprentissage.

Afin d’accroître le nombre d’étudiants en alternance, notamment à l’Université, l’Institut Montaigne propose de décliner cet objectif de façon opératoire : organiser par alternance toutes les licences professionnelles ; offrir systématiquement aux étudiants de chaque université la possibilité d’effectuer la deuxième année de master par alternance ; mobiliser les entreprises pour développer l’alternance au sein des filières générales ; inciter l’ensemble des fonctions publiques (Etat, hospitalière, territoriale) à accueillir des étudiants-apprentis , ce que la législation permet.

Notes

[1] Rapport de la Commission pour la libération de la croissance française, 23 janvier 2008

[2] Ibid.%%%

[3] Insee,Informations rapides, n°211, 1er septembre 2011

[4] Loi n° 2011-893 du 28 juillet 2011 pour le développement de l'alternance et la sécurisation des parcours professionnels, dite "loi Cherpion"

[5] On comptait 423 000 apprentis en 2010

[6] IGF, op.cit.

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