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07/06/2011

Faire de la lutte contre l'échec scolaire un enjeu majeur de la campagne pour les présidentielles

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Faire de la lutte contre l'échec scolaire un enjeu majeur de la campagne pour les présidentielles
 Laurent Bigorgne
Auteur
Ancien directeur



Tribune parue sur le site de l'Internaute le 24/05/11 (*)

Depuis la parution de son rapport en avril 2010, Vaincre l'échec à l'école primaire, l'Institut Montaigne s'efforce de faire la pédagogie des conséquences de l'échec scolaire auprès de l'opinion comme des décideurs publics. Il n'est pas le seul, loin s'en faut, à tirer la sonnette d'alarme.

Parution des rapports de la Cour des comptes (L'éducation nationale face à l'objectif de la réussite de tous les élèves), du Sénat (L'égalité des chances dans l'enseignement primaire et secondaire) et de la Commission pour la Libération de la Croissance, mise en place de la Commission nationale sur les rythmes scolaires, programme "Education et formation pour l'égalité" proposé par le Parti socialiste, convention de l'UMP sur l'éducation : en douze mois, l'école primaire est enfin devenue le centre d'intérêt de nombreux acteurs qui estiment qu'il est temps d'agir le plus en amont possible des inégalités qui mettent à mal notre cohésion sociale.

Cette prise de conscience est importante, mais elle n'est pas suffisante. Malgré la compétence et le dévouement des enseignants, l'échec scolaire continue de se développer en France, comme l'ont encore montré les résultats PISA (Programme for International Student Assessment) parus en décembre 2010. Injection de ressources considérables, interventions législatives à répétition, multiplication des réformes. Rien ne semble pouvoir inverser, pour l'instant, ces tendances lourdes. L'école ne parvient pas à "transformer les ressources en résultat". En outre, chaque année, la France s'éloigne davantage des objectifs fixés par la stratégie de Lisbonne décidée par l'Union européenne en 2000 pour bâtir une économie et une société de la connaissance. Elle échoue également dans sa mission fondamentale de correction des inégalités. Pire, elle les renforce. Ainsi, 78 % des enfants de catégories sociales dites "favorisées" accèdent au baccalauréat contre seulement 18 % pour les enfants d'ouvriers ou d'inactifs. Notre système scolaire est donc non seulement inefficace, il est aussi injuste.

A cet effet, l'Institut Montaigne salue la proposition de loi qu'a déposée Xavier Breton et 130 autres députés le 13 avril 2011 visant à déclarer le refus de l'échec scolaire "Grande cause nationale 2012". Reprenant les constats dressés dans le rapport de l'Institut, les députés concluent : "Les conséquences de l'échec scolaire sont dramatiques pour tous ceux qui en souffrent personnellement, et au plan collectif en raison des ravages sociaux et du coût économique que ce désastre fait peser sur la société."

Convaincu de la nécessité de faire de la lutte contre l'échec scolaire une priorité nationale, l'Institut Montaigne rappelait encore en décembre 2010, au moment de la publication des résultats PISA 2009, qu'il était "temps que le consensus national qui s'est forgé ces derniers mois autour de la nécessité de tout mettre en oeuvre pour vaincre l'échec scolaire soit relayé par une volonté politique."

L'échec scolaire doit être au coeur des débats et des programmes en vue de la présidentielle de 2012. En tant que cinquième puissance mondiale, nous devons être en mesure d'endiguer ce fléau. Comme l'illustrent les cas de l'Allemagne et du Portugal, exemplaires en la matière, il n'y a pas de fatalité.

(*) A l'occasion de l'anniversaire de l'élection de Nicolas Sarkozy, L'Internaute a demandé à une série d'experts de faire un premier bilan du quinquennat qui s'achève et de dresser les priorités de la campagne de 2012. La tribune de Laurent Bigorgne, directeur de l'Institut Montaigne.

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