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21/08/2009

Education : toujours plus ?

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Education : toujours plus ?
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Dans le contexte de la rentrée, un excellent article de Newsweek (10/08/09) par Stefan Theil (1), "Dumb money", qui se réfère à de nombreuses études internationales sur l’éducation. Un thème central en ressort : de nombreux pays gaspillent leurs dépenses d’éducation.

L’auteur de s’interroger : Le plan de relance américain de février dernier prévoit d’allouer 100 milliards de dollars aux écoles, lycées et universités. Cet argent ira-t-il là où c’est le plus utile, c’est-à-dire là où les retombées sociales et économiques sont les plus importantes ? En Allemagne, 10 milliards d’euros vont être affectés à la construction ou à la rénovation d’établissements scolaires. Quel en sera l’effet sur la qualité des formations dispensées ?

Stefan Theil cite un rapport de l’OCDE d’avril dernier dont l’auteur, Andreas Schleicher, estime que dans de nombreux pays les pertes induites par les mauvaises performances des systèmes d’éducation sont supérieures aux coûts de la crise financière !

L’erreur la plus commune pour les gouvernements est de financer à l’aveugle davantage d’enseignants, davantage de nouvelles technologies dans les classes, davantage d’universités d’élites… alors que des études sérieuses aussi bien en Allemagne (FIO Institute Munich) qu’aux USA (Stanford) montrent que dépenser plus n’améliore pas les résultats. Les enfants n’apprennent pas mieux avec des salles mieux équipées ou des bâtiments plus modernes.

Les Etats-Unis, la France et l’Allemagne ont accru significativement leurs dépenses d’éducation au cours des dernières décennies alors que les performances ne suivent pas. Des pays comme la Suède ou la Finlande ont en revanche amélioré la qualité de l’enseignement par des réformes structurelles.

Alors que faire ?

Une étude de McKinsey propose de recentrer les politiques éducatives en postulant que le plus important retour sur investissement s’obtient en ciblant les nouveaux financements sur les publics qui sont laissés de côté. Améliorer le niveau de formation des non qualifiés et des exclus aura des effets très importants sur l’économie (productivité, croissance) et le progrès social (moins d’assistance, moins de délinquance). Ainsi James Heckman, économiste d’Harvard, estime que les programmes préscolaires (avant six ans) ciblés sur les enfants socialement désavantagés coûteraient 10 000 $ par enfant et par an, ce qui est peu par rapport au retour sur investissement attendu (16 % par an). Un quart de ce gain bénéficie à l’enfant lui-même, qui sera ainsi mieux armé pour réussir sa scolarité ultérieure comme son insertion professionnelle et sociale. Les trois autres quarts bénéficient à la société : moins de délinquance, moins de programmes sociaux d’assistance, une meilleure productivité, une meilleure intégration des minorités et des étrangers.

Un bon exemple est le Canada. Voici ce qu’en dit Stefan Theil : "Raising the achievement of previously excluded groups is thus no softhearted social policy, but an economic imperative. One country that has systematically pushed this maxim is Canada, which saw a big surge in immigration in the 1990s. In Toronto, where more than 40 percent of schoolchildren speak a mother tongue other than English and more than a third come from socially disadvantaged families, the entire school system is concentrated on raising these kids to the level of their peers. Though it still struggles with high dropout rates among some groups, Toronto has been able to erase the achievement difference between migrants and natives—in marked contrast to cities in Germany and France, where the gap has been widening. It's one reason why Canadian students get some of the highest scores on international achievement tests."

Pertinent. Vaste programme pour notre pays !

(1) Correspondant à Berlin

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