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13/02/2008

Emploi : Prendre davantage en compte les compétences professionnelles

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 Michaël Cheylan
Auteur
Contributeur sur les questions africaines

La France souffre de « diplômite aigue ». Comprenez par là que le diplôme y est souvent considéré comme l’indispensable sésame qui permet d’ouvrir les portes du marché du travail. En dehors de lui, point de salut !

Pour exagéré qu’il soit, ce constat n’est pourtant pas très éloigné de la réalité. Là où, en France, pour tout un tas de métiers (coiffeur, prof de tennis, etc.), un diplôme est exigé, chez nos voisins la seule compétence suffit très souvent. Conséquence (en France) :
1) cela exclut du marché du travail tout un pan de la population (150 000 jeunes quittent chaque année en France notre système scolaire sans aucun diplôme) ;
2) cela freine la mobilité en réduisant la possibilité de changer facilement de job (un diplôme étant souvent exigé pour exercer telle ou telle profession).

C’est pourquoi, afin de favoriser l’emploi – et l’évolution - des personnes peu ou pas qualifiées, l’Institut Montaigne propose de privilégier l’aptitude sur le diplôme, en particulier pour les postes qui ne requièrent qu’une très faible qualification. L’aptitude à bien faire son travail, le goût de l’effort ou encore la capacité de travailler en équipe, voilà des éléments qui devraient davantage être pris en compte lors de l’entretien d’embauche ou à l’occasion d’une promotion !

Pour détecter ces aptitudes, pourquoi l’employeur ne soumettrait-il pas le demandeur d’emploi à une évaluation pratique en milieu de travail ? Concrètement, il lui serait demandé d’accomplir telle ou telle tâche pour vérifier in concreto, comme s’il était en entreprise, que le demandeur d’emploi en question possède bien des aptitudes requises au bon accomplissement de la mission que l’on souhaite lui confier. Autrement dit, il s’agit de vérifier s’il est oui ou non effectivement compétent, un point c’est tout, peu importe qu’il soit ou non titulaire d’un diplôme.

Adopter une telle attitude est certes juste socialement (elle permet de donner toutes leurs chances aux personnes qui n’ont pas bénéficié de longues années de formation initiale) mais aussi – et surtout - efficace économiquement (il s’agit de rendre le recrutement plus intelligent/pertinent). Elle ne fait donc pas appel à la générosité des entreprises, mais à leur bon sens… voire à leur égoïsme bien compris : trouver une main d’œuvre adaptée sera de plus en plus difficile en raison du choc démographique et, dans ce cadre, ne retenir que les candidats diplômés, c’est réduire contre son propre intérêt le vivier de recrutement !

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