Le 15 mai 2019, Donald Trump bannissait sur le sol américain l’utilisation d’équipements télécoms provenant d’entreprises représentant un risque pour la sécurité du pays, dont Huwaei fait partie. Le lendemain, Gilles Babinet, conseiller numérique de l’Institut Montaigne, visitait les locaux de Huawei à Shenzhen. Il nous partage ici son expérience.
Note de voyage du 16 mai 2019
Il est difficile de ne pas être impressionné par la majesté et l’importance du siège de Huawei, qui s’étend sur plusieurs kilomètres carrés, même après avoir visité des dizaines de bâtiments de grandes entreprises technologiques.
L’immense immeuble dédié à la recherche et au développement tient plus d’un luxueux palace, avec ses sols et murs en marbre et ses oeuvres d’arts soigneusement disposées, que d’un centre de recherche. Le showroom, hors de proportions, illustre parfaitement la projection stratégique de Huawei, ligne de produit par ligne de produit. On saisit mieux encore à quel point l’avance qu’a acquis cette société est significative, surtout dans un domaine où la puissance d’investissement et donc la taille critique sont déterminants. Huawei dépense désormais 15 Md$ par an en R&D (plus qu’Apple qui, en 2018, en dépensait 14,24 Md$) et devrait, du fait de l’arrêt de la fourniture de composants stratégiques américains comme ceux de Qualcomm, accroître très significativement ce montant, pour devenir, d’ici quelques années, la première entreprise mondiale en dépenses de R&D (aujourd’hui le classement est dominé par Amazon, avec 22,6 Md$ en 2018).
Ma visite chez eux a été rendue particulièrement intéressante du fait de l’annonce le même jour du boycott presque total de Huawei par l’Administration Trump (plus de vente de composants et de services logiciels américains aux entreprises chinoises et plus d’achat, par les opérateurs télécoms américains, d’équipements manufacturés par des entreprises représentant un risque pour la sécurité du pays, dont Huawei fait partie). Mes interlocuteurs n’en étaient pas moins calmes, transparents et particulièrement précis dans leurs réponses. Ils se sont assurés, à chaque fois que nous finissons d’aborder un des grands thèmes que j’avais à l’ordre du jour, que leurs réponses m’avaient convenablement éclairci. J’ai ainsi pu passer trois heures à échanger sur les accusations de piratage, les risques cybers et les modèles d’audit qui permettraient de créer de la transparence à l’égard de leurs technologies, les enjeux de transferts de technologie, ou encore la façon dont ils envisagent de traiter le décret de Donald Trump.
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