Si le sujet du Social Rating fait couler beaucoup d’encre dans les pays occidentaux, il est très largement accepté en Chine ; reste qu’il est difficile d'avoir une image précise de l'impact au quotidien de cette technologie sur les libertés publiques. Car si les limitations de libertés sont incontestables, l’idée d’une société policée, où chacun devrait faire attention à ses moindres gestes, est immédiatement démentie par la façon toujours aussi joyeusement latine avec laquelle les gens se meuvent en ville, traversant lorsque c'est rouge pour les piétons, coupant allègrement les files dans les queues, etc. Il est manifeste que la peur d’un contrôle fort des faits et gestes des Chinois par les autorités n’a pas - encore - contaminé l’ensemble des actes de la vie quotidienne de ces derniers.
Un contrôle défendu par les universitaires chinois
On est donc frappé par les plaidoyers défendant cette technologie, y compris au sein des milieux universitaires ou plus largement intellectuels. L'argument partagé par tous est la nécessité de créer un niveau élevé d'efficacité sociale dans un pays de 1.5 milliard d’habitants. S'il est généralement admis comme étant regrettable que des discriminations puissent être effectuées sur une base politique, il est en revanche jugé nécessaire que ces coupeurs de file, ces cyclistes peu respectueux du code de la route ou encore ces indélicats se débarrassant en pleine rue de leurs mégots de cigarettes et déchets soient sanctionnés.
Il semble difficile de connaître la réalité de cette technologie depuis l’Europe, les articles parus dans la presse occidentale étant généralement contestés par les Chinois rencontrés. En pratique, les sanctions les plus fortes consisteraient pour l'instant à interdir l'achat de billets d'avion (a priori sur les vols intérieurs) ou d'accéder à certains services publics dits secondaires (assistance lors des déclarations administratives, etc.). A contrario, les citoyens avec des notes élevées de social rating disposeraient de coupes-files et autres avantages. Reste que le profilage à des fins politiques touche probablement un grand nombre d'individus : un article de The Economist évoquait le chiffre de 5 millions de personnes discriminées sur une base politique, dont beaucoup sont issus de la minorité ethnique ouïghoure, démontrant en soi que seuls les démocraties avancées pourraient en faire usage d'une façon raisonnée.
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