Comparer les mérites des uns et des autres ne saurait nous faire oublier l'essentiel qui tient en un concept : celui de solidarité responsable. À l'heure où les tentations nationalistes et protectionnistes n'ont jamais été plus grandes, les différents pays et continents du monde ne se sauveront pas seuls, indépendamment les uns les autres.
La compétition entre puissances et systèmes, régions et cultures, ne doit pas nous faire perdre de vue le devoir de solidarité des pays les plus riches à l'égard des plus pauvres. Il ne s'agit pas là seulement d'éthique (les devoirs des plus forts à l'égard des plus faibles) ou de rationalité économique (pas de relance sans maîtrise de la pandémie). La lutte doit être globale et solidaire pour des raisons avant tout sanitaires. Laisser les plus pauvres seuls (ou presque) face à leur destin, serait "nous" exposer aux mutations/variations sans fin du virus : ce serait la garantie de l'impossibilité du retour à une vie normale. La générosité éclairée n'est pas un choix, c'est une nécessité qui doit dépasser les calculs politiques des uns, les instincts nationalistes ou protectionnistes des autres. Nous vaincrons le Covid-19 ensemble ou nous serons défaits par elle. Tous ceux qui hier parlaient du Covid comme d'une petite grippe ou qui - ce sont souvent les mêmes - continuent de dénoncer les dérives liberticides des États dans leur lutte contre la pandémie, font preuve de légèreté, d'ignorance et plus encore d'irresponsabilité.
Dans la compétition du soft power autour de l'épidémie, il est faux d'affirmer que les régimes autoritaires disposent d'un avantage structurel. Mais les systèmes démocratiques pour faire le poids, doivent disposer de la confiance - elle ne se décrète pas - de la patience et de la discipline collective de leurs concitoyens.
Avec l'aimable autorisation des Echos (publié le 07/02/2021)
Copyright : DANIEL LEAL-OLIVAS / AFP
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