Et c’est sur ces bases que fut engagé le processus de paix de Camp David, avec in fine l’acceptation de l’existence d’Israël par l’Égypte, l’abandon par Amman de ses revendications territoriales sur la Cisjordanie annexée en 1950, et la paix avec la Jordanie. Si l’Ukraine devait faire face à la perspective d’un effondrement de son armée voire de l’État tout entier, un tel scénario ne serait pas absurde et serait sans doute le "minimum acceptable" pour Kyiv. Il rappellerait également, mutatis mutandis, l’issue de la guerre indo-pakistanaise de 1965 à propos du Cachemire.
La conquête russe, ou le scénario "Crimée"
Dans un troisième scénario, Moscou parviendrait, sans doute au prix d’efforts importants, à conquérir l’ensemble de la "Nouvelle-Russie", du Donbass à l’Ouest de la Crimée, et à consolider ses positions. La Russie proposerait alors un cessez-le-feu et un "compromis territorial" à Kyiv. Vladimir Poutine pourrait sans doute le faire si, a minima, l’armée contrôlait l’ensemble des deux républiques autoproclamées du Donbass (ce n’était pas le cas avant le 24 février). De plus, si la Russie devait procéder à l’annexion de l’une ou l’autre de ces régions, comme elle l’avait fait pour la Crimée en 2014, toute offensive ukrainienne soutenue par l’Occident deviendrait alors, du point de vue de Moscou, une "attaque contre le territoire russe". Ce scénario restera peu probable tant que la capacité de résistance ukrainienne dépassera la capacité de mobilisation humaine et matérielle de la Russie. Ce qui est le cas depuis le 24 février. Et s’il venait à se réaliser, les exemples de Chypre, du Proche-Orient, de l’Asie du sud ou de la péninsule coréenne n’incitent pas à penser qu’il serait gage de stabilité.
La reconquête ukrainienne, ou le scénario "Croatie"
Et c’est pour cela qu’à tout prendre, le scénario qui verrait l’effondrement progressif, matériel et moral, de l’armée russe, reste plus probable que l’hypothèse inverse. Comme le rappelle un expert français, "cette guerre est celle d’une force terrestre expéditionnaire contre une nation en armes qui a décrété la mobilisation générale. Leur capacité à remplacer les hommes, ou même à seulement les relever pour se reposer, n’est pas la même".
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