Mais pour que le sommet remette véritablement les compteurs à zéro, il faut qu'il y ait du fond, comme le lancement de nouvelles initiatives et opportunités de coopération. Les deux gouvernements ont cité la coopération en matière d'énergie, en particulier le nucléaire, parmi les priorités du sommet. La sécurisation des chaînes d’approvisionnement, la coordination de la présence maritime dans l'Indopacifique, la lutte contre les menaces hybrides et l’amélioration de l'évaluation conjointe des situations sont aussi des champs intéressants à poursuivre.
Les deux gouvernements devraient envisager la création d'un groupe d’experts venant des deux pays.
Soutenir les initiatives de chacun
L'organisation d’un sommet franco-britannique ne saurait cependant suffir pour renouer les relations. Dans la mesure du possible, le Royaume-Uni et la France doivent également soutenir publiquement leurs initiatives respectives.
Pour la France, cela signifie que le Royaume-Uni doit s'intéresser à la proposition de Macron de créer une communauté politique européenne, une nouvelle plateforme politique qui rapprocherait les pays européens pour aborder les questions qui touchent l'ensemble du continent, comme le Covid-19, la production de vaccins, ou la réponse apportée à la guerre en Ukraine. Pour Macron, la communauté politique européenne n’a aucune chance de réussir sans l’appui du Royaume-Uni.
La bonne nouvelle est que la Première ministre n'a pas seulement assisté à la première réunion à Prague la semaine dernière - elle soutient également l'initiative. La suite des événements déterminera si le Royaume-Uni maintient son engagement. Pour Liz Truss, elle doit être intergouvernementale et distincte des initiatives existantes comme le G7 ou l'OTAN. Elle ne veut pas que l'UE ou ses institutions européennes y jouent un rôle.
Mais il faut être deux pour danser la valse. Le Royaume-Uni souhaite davantage de forums pour discuter des questions multilatérales. La France devrait chercher à soutenir les efforts britanniques pour renforcer le Quint, un groupe informel réunissant les États-Unis, le Royaume-Uni, la France, l'Allemagne et l'Italie. Elle devrait également s’intéresser à la proposition émise par Truss de faire du G7 un "OTAN économique", où les membres du G7 et leurs alliés comme la Corée du Sud et l'Australie pourraient se réunir plus régulièrement pour mieux coordonner leurs sanctions. L'expression "OTAN économique" a peu de chances de faire mouche à Paris, compte tenu notamment de l'ambivalence des électeurs français à l'égard de l'OTAN, mais la France aurait tort de rejeter l'idée d'emblée. Montrer de l'intérêt ne conduit pas toujours à un engagement total, mais cela peut faire des merveilles pour rétablir la confiance.
Malgré tous les accrocs survenus au fil des ans, la France et le Royaume-Uni sont des alliés naturels. Leurs querelles bilatérales ne devraient pas les empêcher de collaborer plus étroitement. Macron et Truss ont raison : il est temps de repartir sur de nouvelles bases.
Copyright : Ludovic MARIN / AFP
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