Cadeau à la Russie
Décidément l'Amérique, d'Obama à Trump, semble tout faire pour encourager l'expansion internationale de la Russie depuis au moins cinq ans. En s'abstenant d'abord d'intervenir en Syrie après le franchissement d'une "ligne rouge" par le régime de Damas avec son utilisation de l'arme chimique contre ses citoyens à l'été 2013. Puis en menaçant désormais de se retirer d'un accord sur les armes nucléaires à l'automne 2018. Tout se passe comme si par un mélange d'absence de culture historique et stratégique, Washington faisait tout pour renforcer un Etat que Barack Obama avait défini comme une simple puissance régionale. Grâce à lui, et plus encore grâce à son successeur, tel n'est plus le cas. Donald Trump vient de faire un double cadeau à Poutine. Symboliquement il donne le sentiment que le monde est revenu à l'ordre bipolaire de la guerre froide. Il place aussi l'Europe stratégiquement et politiquement dans une situation toujours plus délicate. Comment, désormais, pour les Européens, distinguer clairement, le péril russe du péril américain ?
Poussé par des hommes tels que John Bolton, son conseiller national pour la Stratégie, Trump croit faire du Reagan, alors même que son approche du monde, basée sur la défiance et le pur rapport de force est rigoureusement à l'opposé de celle de l'ancien acteur devenu gouverneur de Californie. A sa manière Reagan croyait en l'homme et son nationalisme n'excluait pas un souci réel pour le bien commun.
Entre l'indifférence à la préservation de la planète et le retour de réflexes militaro-industriels irresponsables, le "cercle au pouvoir" à Washington est plus qu'inquiétant. Comme si en un siècle, de 1918 à 2018, on n'avait rien appris ou tout oublié.
Avec l'aimable autorisation des Echos (publié le 26/10/18).
Crédit photo : AFP
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