La primauté du rapport franco-allemand n’est pas remise en cause, me semble-t-il, par Paris, ni contestée par Rome. Mais ce qui est sous-jacent avec ce texte, c’est que s’esquisse une forme de relation à trois plus équilibrée. Reste à savoir comment, et si cette intention se concrétisera dans le temps. La France et l’Allemagne sont habituées à travailler ensemble depuis longtemps, et il faudra donc vérifier comment l’Italie s'insère dans cette coopération. Par ailleurs, si la France et l’Italie ont des points d’accord fondamentaux, notamment sur la révision des questions budgétaires, les actes du nouveau gouvernement allemand en cette matière sont attendus avec impatience, au-delà de l’accord de coalition signé entre les sociaux-démocrates, les libéraux et les écologistes ; accord qui donne lieu à des interprétations divergentes entre certains observateurs qui croient y déceler le maintien d’une ligne orthodoxe en matière budgétaire qui serait incarnée, par exemple, par le ministre libéral des finances, Christian Lindner, et d’autres qui perçoivent des formes d’ouverture possible grâce à la présence du dirigeant vert Robert Habeck qui a hérité des portefeuilles de l’économie, de l’énergie et du climat.
Une note d’attention, enfin, puisque dans certaines capitales européennes la signature du traité du Quirinal a été mal vécue. C’est le cas dans les pays de Visegrad, par exemple, qui y voient la constitution d’un axe Paris-Rome hostile à leur endroit, mais aussi en Espagne, qui se demande pourquoi elle est ainsi exclue alors qu’en tant que pays du Sud elle a, elle aussi, nombre de points d’accord avec Paris et Rome.
Que deviendra ce traité ?
Ce traité peut rester un simple parchemin, sans aucune conséquence pratique. À l’inverse, il peut aussi servir de tremplin pour la mise en place de certaines initiatives au niveau des responsables politiques et de la haute fonction publique. Ceci dit, il reste une vraie incertitude politique. En France, si Emmanuel Macron n’est pas réélu, je ne suis pas certain que ses rivaux marquent le même intérêt pour l’Italie que lui. Par ailleurs, on sait qu’une grande partie de la haute administration française n’a pas toujours manifesté une grande italophilie, bien au contraire.
L’Italie, quant à elle, sera bientôt confrontée à d’importantes échéances politiques. En début d’année prochaine aura d’abord lieu l’élection du successeur de Sergio Mattarella, un homme qui a œuvré aussi en faveur de la signature de ce traité, à la présidence de la République italienne. Ensuite, et en cas de dissolution anticipée des Chambres, les élections dites politiques pour renouveler la Chambre des députés et le Sénat devraient avoir lieu en 2023, voir en 2022.
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