Cependant, pour que ce système européen puisse voir le jour, il est nécessaire que les données soient toutes harmonisées et regroupées au sein d’une même base. C’est le cas à l’échelle nationale en France, car notre système de santé est centralisé et les données des patients sont recueillies par un seul agent, l’Assurance Maladie, mais ce n’est pas le cas chez tous nos voisins européens. Par exemple en Allemagne, il n’est pas obligatoire de souscrire au système d’assurance maladie public ; les citoyens peuvent choisir de souscrire à un système d’assurance privé. De plus, les dossiers médicaux sont différents d’un Länder à l’autre. Les données ne sont donc pas regroupées de la même façon, ni centralisées.
L’enjeu de la confidentialité des données de santé
Si un système européen des données médicales devait voir le jour, il devra être tout à fait en accord avec le Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD) : entré en vigueur le 25 mai 2018, il protège les données à caractère personnel tout en renforçant et unifiant la protection des données pour les individus au sein de l'Union européenne.
Dans la majorité des pays ayant mis en place des Dossiers Médicaux Partagés, le patient peut choisir qui peut accéder ou non à ses données, qui restent donc protégées. De plus, les accès et actions opérées sur le DMP sont tracées, ce qui permet au patient de vérifier qui a accédé à son dossier. Si un professionnel de santé violait ces règles, il serait donc sanctionné par le RGPD (sanctions financières voire poursuites pénales).
Le modèle européen d’échange des données de santé pourrait donc s’inspirer des règles mises en place en France, afin de protéger les données récoltées via les dossiers médicaux numériques. Les données médicales du patient doivent rester confidentielles, conformément au secret médical, mais elles pourraient avoir vocation à être partagées, dans l’anonymat, entre les hôpitaux européens à des fins de recherche : en effet, avec un plus grand nombre de données, les professionnels pourront comparer leurs pratiques et développer de nouvelles innovations.
Ce système pourrait aboutir à un "marché unique" des données de santé en Europe, ce qui serait bénéfique aux patients, en termes d’avancées médicales et thérapeutiques. À cette fin, une campagne de sensibilisation est nécessaire au niveau européen, comme le proposait l’Institut Montaigne pour le DMP national en 2010 dans son étude intitulée Réussir le DMP, afin que les citoyens soient informés et que ce système puisse être généralisé.
Enfin, comme le préconisait également l’Institut Montaigne dans l’étude pré-citée, il semble nécessaire d’inciter financièrement les acteurs européens à prendre part à cet échange de données, grâce à des taux de remboursements plus élevés pour les médecins ou une baisse des cotisations d’assurance complémentaire pour les patients.
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