"Un, Deux, Trois… Soleil". Depuis que j’ai vu sur Netflix la série sud coréenne la plus populaire de l’histoire, je ne peux plus jouer avec mes petites filles comme je le faisais auparavant. Le mélange délibéré entre compétition pour la survie et jeux d’enfants est d’une redoutable efficacité, certains diraient d’une terrifiante perversité, d’une violence à peine soutenable. Comment expliquer alors le triomphe d’une série "venue d’ailleurs", qui a battu en terme d’audience la série française "Lupin" avec Omar Sy au palmarès des séries non anglo-saxonnes, et qui, en quelques semaines, a fait gagner plus de nouveaux abonnés à Netflix que toute autre série avant elle ?
La première interprétation, la plus négative mais peut-être la plus réaliste, consiste à dire que c’est précisément sa violence qui fascine, et plus encore les jeunes et les adolescents que les adultes. Associer jeux de survie et jeux d’enfants : il fallait oser le faire. Certes, depuis les Contes de Perrault et plus encore "Alice au pays des Merveilles" de Lewis Caroll, les critiques littéraires, tout comme les psychologues cliniciens et les psychanalystes, se sont attachés à démontrer la complexité ou tout du moins l’absence d’innocence de ces récits soi-disant pour enfants, aux dimensions troubles. Dans la série sud coréenne, cependant, les allusions au sexe sont quasi absentes, la nudité inexistante ou presque. Ce qui domine, c’est la violence physique et psychologique pure. Un jeu de massacre par une sélection impitoyable. Sur quatre cents candidats, tous sont destinés à mourir sauf un, le vainqueur, qui recevra une somme très importante, lui permettant d’effacer ses dettes et de repartir du bon pied dans la vie.
Après le premier épisode - tout particulièrement "saignant" - la tentation est grande, irrésistible pour certains, d’en rester là. Pourquoi s’infliger un spectacle d’une telle perversité ? Ni l’esthétique, "baroque" par certains côtés, ni le jeu des acteurs, souvent excellents, ne le justifient.
Cette série asiatique au succès planétaire n’est qu’une illustration, parmi tant d’autres, d’une globalisation de plus en plus malheureuse, qui fait ressortir le pire de l’Homme.
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