C’était une erreur. La Chine officielle de Xi Jinping voulait tout à la fois : la conformité des discours européens et le maintien de ses positions acquises en matière économique et commerciale. En mai, elle censurait dans la presse une déclaration des ambassadeurs des 27 en poste à Pékin. En juin, elle demande le report sine die de la rencontre de Leipzig – privant la présidence allemande de l’UE de ce qui devait être l’échéance la plus importante avec la Chine.
Sans doute était-ce trop : il n’est jamais bon d’humilier son partenaire, surtout quand celui-ci, malgré une certaine lenteur dans la mobilisation et l’action collective, est le premier marché mondial pour la Chine.
Soudain, l’Union européenne a mis en accord ses intérêts économiques et ses valeurs politiques. Le non-événement du sommet du 22 juin est devenu un tournant dans la politique chinoise de l’UE – après celui de mars 2019 qui avait qualifié la Chine de rival systémique, en même temps qu’un partenaire de coopération et un concurrent économique. Sans communiqué conjoint, sans conférence de presse commune ni apparition des dirigeants chinois, Ursula von der Leyen et Charles Michel ont égrené une litanie de critiques et de reproches qui ne laissait rien de côté. Surtout, ils ont expliqué en avoir fait part, parfois dans le détail, à Xi Jinping et au Premier ministre Li Keqiang. Tout y est passé : les promesses d’accord non tenues, et la possibilité de ne pas engager un nouvel agenda de coopération si cette situation persistait ; les violations des droits de l’Homme, avec l’évocation nominale des cas de citoyens suédois et canadiens détenus, la loi de sécurité nationale pour Hong Kong, violation d’un traité international ; les attaques de cyber sécurité, y compris contre des hôpitaux européens, attaques "intolérables" dont Ursula von der Leyen a dit que "nous en connaissons l’origine", et la désinformation, pour laquelle les dirigeants chinois se sont vu présenter "faits et chiffres" ; l’impraticable réforme de l’OMC, malgré les déclarations de principe chinoises ; enfin, l’écart entre les engagements de la Chine sur le climat et sa politique carbonée.
Ajouter un commentaire