C'est au moment où le SPD va occuper les postes de chancelier et de ministre de la Défense qu’intervient cette "prise de conscience tardive", relève Nikolas Busse. Ces dernières années, note Jeffrey Rathke, les Verts ont beaucoup travaillé sur les questions de sécurité, certains d'entre eux ont développé de bons contacts à Washington. Plusieurs experts déplorent néanmoins que la réaffirmation de la nécessité de la dissuasion et du partage nucléaires ait pour contrepartie la mention d'une adhésion, comme observateur, à la conférence de suivi des États parties au traité sur l’interdiction des armes nucléaires, "une pilule amère", selon Christian Mölling de la DGAP, car, rappelle Rüdiger Lüdeking, ce traité est jugé par les autres États membres de l'OTAN incompatible avec la stratégie de l'alliance. Il était impossible de parvenir entre les trois partis de la coalition "Ampel" à un accord sur l'objectif des 2 % du PIB consacré à la Défense, admettent les experts de la DGAP, toutefois le contrat de gouvernement ouvre la voie à des programmes d'armement pluriannuels bénéficiant d'un financement garanti. Le think-tank regrette par ailleurs "l'absence d'agenda ambitieux" en matière de gestion civile des crises et de stabilisation.
Coordination occidentale à l’égard de la Chine
La coalition qui arrive aux affaires incarne un "mode de pensée plus global", note Cathryn Clüver-Ashbrook, elle entend renforcer le rôle des valeurs dans le système international - ce à quoi l'administration Biden devrait être sensible -, elle met l’accent sur le multilatéralisme - la présidence allemande du G7 va être mise au service de cet objectif - et souhaite élargir le cercle de ses partenaires, l'Inde est autant citée que la France, relève-t-elle. A. Merkel est la dernière dirigeante occidentale, qui savait traiter avec des autocrates tels que Poutine et Erdogan et obtenir quelques concessions, souligne Michael Thumann. Quelles sont les idées d'O. Scholz en politique étrangère, comment compte-t-il défendre les intérêts de l'Allemagne face à la Russie et à la Chine, "plus encore qu'A. Merkel, il a la réputation de chercher à esquiver le conflit", affirme Christoph von Marschall et le SPD, toujours en proie aux "illusions de la neutralité", n'exercera aucune pression pour qu'il adopte une attitude plus offensive. Si Annalena Baerbock avait succédé à A. Merkel, elle aurait eu une influence déterminante sur la diplomatie allemande, mais la politique à l'égard de la Chine et la Russie est d'abord décidée à la chancellerie fédérale, souligne Christoph von Marschall.
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