La situation actuelle rappelle à Dmitri Trenine la crise des missiles de Cuba, J-F. Kennedy était alors prêt à risquer une guerre nucléaire pour empêcher l'installation de fusées soviétiques, les rôles étant aujourd'hui inversés. Le Président russe ne veut pas de conflit ouvert, il sait que l'intervention en Afghanistan a précipité la fin de l'Union soviétique, mais il entend obtenir un engagement international consacrant la neutralité de l'Ukraine et une autonomie pour l'est du pays. Le parallèle avec la crise de Cuba est aussi établi par Vladimir Frolov et par Alexandre Golts, la destruction dans l'espace du satellite soviétique Kosmos-1408 devant crédibiliser la nouvelle stratégie russe. "Ce nouveau paradigme des relations Moscou-Washington crée les conditions d'une confrontation stable, les deux parties n'ayant intérêt ni à une escalade supplémentaire ni à sa résolution au prix de concessions", selon Dmitri Souslov.
"Pendant que Poutine exhortait ses diplomates à exploiter les résultats de la dissuasion militaire qu'il met en place autour de l'Ukraine", le secrétaire de son conseil de sécurité discutait avec son homologue américain d'une nouvelle rencontre Biden-Poutine, relève Dmitri Trenine. "Ces pourparlers montrent que le Kremlin espère obtenir des assurances sur le respect de son influence en Europe orientale", commente le New York Times. Le négociateur russe, Serguey Riabkov a salué la volonté de nouer avec son pays une relation "stable et prévisible" et expliqué, selon le quotidien, ce que ces termes signifient pour Moscou : "moins d'ingérence américaine dans nos affaires internes, moins de tentatives de la part des États-Unis pour restreindre notre coopération légale et légitime avec nos amis et partenaires dans le monde". "Il faut rendre justice à Biden, analyse Fiodor Loukjanov, il s'est efforcé de rétablir avec la Russie les communications vitales". Selon Kommersant, des progrès seraient enregistrés dans deux des domaines - stabilité stratégique et cyber sécurité - identifiés lors du sommet de Genève. Dmitri Souslov se montre moins optimiste sur les perspectives du prochain sommet qui pourrait se tenir en mode virtuel d'ici la fin de l'année. D'après lui, Washington devrait "maintenir sa présence militaire sur le continent européen et poursuivre son soutien à l'Ukraine et à la Géorgie, qui jouent un rôle central dans le combat géopolitique contre la Russie". La relation avec Moscou est otage d'un contexte interne très hostile aux États-Unis, souligne cet américaniste.
La confrontation avec l'Occident est nécessaire au maintien du régime de Poutine
"La diplomatie russe a cessé d'être une diplomatie, c'est de plus en plus de la politique intérieure", estime Gevorg Mirzaïan. Tournant, selon lui, symbolisé par la porte-parole du MID, Maria Zakharova, dont les déclarations, brutales et destinées à l’opinion russe, sont très éloignées de celles attendues d'un diplomate professionnel.
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