D'après Alexey Maslov, la Russie s’inquiète de la situation sécuritaire dans le détroit de Taïwan et ne veut pas être entraînée dans un conflit. Andreï Kortounov considère que si "S. Lavrov avait des raisons de s'aligner fermement sur la position chinoise", Vladimir Poutine s'est montré plus prudent, relève Alexey Maslov, "appelant la Chine à considérer le recours à des moyens non militaires" pour rétablir l’unité de la Chine. Le Président russe a déclaré à CNBC : "je ne pense pas que la Chine ait besoin d'employer la force [...]. En augmentant ses capacités économiques, la Chine peut atteindre ses objectifs nationaux. Je ne vois pas de menaces". S'agissant de la situation en mer de Chine, Poutine constate "effectivement des intérêts conflictuels et contradictoires, mais la position russe est fondée sur le fait que nous devons fournir l’occasion à tous les pays de la région, sans interférence extérieure, d'avoir un vrai dialogue fondé sur les normes fondamentales du droit international".
La coopération politique entre Moscou et Pékin ne peut occulter les difficultés de leur relation
En 2020, les échanges commerciaux russo-chinois ont reculé de 2,9 % pour atteindre 107 Mds $, sur les neuf premiers mois de cette année ils enregistrent une hausse de 29,8 % (102,5 Mds $), largement imputable à la hausse des prix de l'énergie, explique Iaroslav Chevtchenko. La vitalité de la coopération bilatérale est aussi visible dans le domaine militaire, illustrée par des manœuvres communes d’ampleur. Le satisfecit sur la relation Moscou-Pékin ne saurait toutefois dissimuler les problèmes, analyse Pavel Baev. Des observateurs attentifs auront noté que le dernier entretien téléphonique Poutine-Xi, le 25 août 2021, a donné lieu à des communiqués aux accents différents, relève-t-il. Moscou se borne à évoquer "une conversation empreinte de l'atmosphère traditionnellement amicale et confiante", tandis que Pékin fait part du "soutien inébranlable aux positions légitimes de la Chine pour défendre ses intérêts fondamentaux à Taïwan, Hong-Kong, au Xinjiang et en mer de Chine". La coopération dans des domaines stratégiques ne progresse pas, remarque Pavel Baev, Pékin développe ses propres technologies (station orbitale, satellites de navigation, missiles hypersoniques), élude les offres russes (système d'alerte précoce dans le domaine balistique, proposé par V. Poutine en 2019) et, globalement, investit peu en Russie.
Des "signes subtils" de tension dans les relations Moscou-Pékin sont relevés par Bloomberg. La pandémie de Covid-19 s'avère très couteuse en vies humaines en Russie - bien que les autorités russes s’abstiennent de mettre en cause la responsabilité de Pékin. Moscou, explique à l'agence Alexandre Loukine, est cependant irrité par l'agressivité de la Chine, qui tend à traiter ses partenaires comme ses adversaires (recrutement d’espions parmi les citoyens russes, utilisation des instituts Confucius et des universités pour sa propagande, obstacles à la présence des media russes en Chine).
Ajouter un commentaire