Les discussions qui ont réuni à Genève des représentants de la Maison blanche, du Kremlin et du MID pourraient affaiblir la position turque, analyse le chroniqueur du site al-Monitor. D’ores et déjà, Washington ferme les yeux sur les livraisons de pétrole iranien dans le port de Tartus, ce dialogue russo-américain réduit la marge de manœuvre d'Ankara, souligne Fehim Tastekin. Les pourparlers de Genève montrent combien la Syrie a reculé dans les priorités de l'administration Biden, constate le quotidien Ashark al-Awsat. Après le retrait US d'Afghanistan, la Russie et la Turquie pensent pouvoir atteindre leurs objectifs en Syrie, observe Kirill Semionov. La Russie cherche à ramener les gisements pétroliers du nord-est syrien sous le contrôle syrien, explique Christopher Phillips mais, à la différence d'Idlib que Damas et Moscou semblent prêts à investir militairement, la stratégie russe à l'égard des Kurdes est celle de la persuasion, la perspective d'un retrait américain pouvant les inciter à négocier avec le régime syrien. À Moscou le 16 septembre, une délégation kurde a tenté d'obtenir une garantie en matière d'autonomie pour éviter une intervention de l'armée syrienne, mais les interlocuteurs russes se montrent "sceptiques tant que les Kurdes restent alliés des États-Unis", explique Kirill Semionov. La multiplication des frappes turques sur les positions kurdes, en l'absence de réaction américaine, renforce la thèse de la Russie qu'elle seule est en mesure de protéger les Kurdes, ce qui, selon Christopher Phillips, accroît la possibilité d'un accord entre Damas, les Kurdes et la Russie, à condition que les forces kurdes (YPG) soient désarmées.
Le rencontre Erdoğan-Poutine à Sotchi a confirmé le statu quo
Dans ce contexte lourd de contentieux accumulés, le Président Erdoğan a été reçu pendant près de trois heures, le 29 septembre à Sotchi, par Poutine. Les deux chefs d'État se sont contentés de déclarations liminaires, aucun texte n'a été signé. "Moscou et Ankara ont confirmé le statu quo", écrit Gevorg Mirzaïan. Autre commentateur proche du pouvoir russe, Piotr Akopov, sans nier les nombreux différends, estime que, "même quand leurs relations ressemblent à une confrontation, Poutine et Erdoğan sont en mesure, sinon de trouver des compromis, du moins de modérer leurs désaccords".
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