Maintenir un équilibre entre les États du Golfe et Téhéran n'est pas chose facile, même si Pékin entend capitaliser sur les inquiétudes que suscite dans ces capitales la thématique des droits de l’Homme promue par l’administration Biden, explique al-Monitor. La diplomatie chinoise a récemment dévoilé un plan en cinq points pour promouvoir "la paix et la stabilité" dans la région et ne se limite plus au terrain économique, souligne ce site spécialisé. Le partenariat sino-iranien concerne aussi l'Asie du sud, remarque Anthony Cordesman, la Chine pourrait avoir accès à la base de Jask, dans l'océan indien, resserrer ses liens avec le Pakistan et contrecarrer les projets du "Quad" (Inde, Japon, Australie, États-Unis). L'accord avec Pékin renforce la position de carrefour de l'Iran en matière d'infrastructures de transport, notamment les liaisons avec l'Asie centrale, explique cet expert.
La Chine est le premier partenaire commercial de l'Arabie saoudite et le deuxième partenaire d'Israël, deux pays qui considèrent l'Iran comme la principale menace géopolitique, souligne le chercheur Ariel Cohen, Pékin devra manœuvrer adroitement pour éviter que cette nouvelle relation stratégique ne lui soit préjudiciable. La conclusion du partenariat sino-iranien a été suivie avec attention à Tel Aviv et n'annonce "rien de bon" pour le pays, selon le Jerusalem post, qui considère que Pékin, longtemps hésitant du fait de l'opposition des États-Unis, s'est affranchi des limites qu'il s’était jusque-là imposées dans ses relations avec Téhéran. Dans le même temps, Pékin entend poursuivre la coopération israélo-chinoise en matière d'armement, note Kommersant. Certes, la dimension économique est dominante dans cet accord, qui ne fait pas d’Israël un ennemi de la Chine, mais le volet militaire (coopération en matière d'armements, "guerre anti-terroriste") suscite des interrogations. Amos Yadlin, ancien chef du renseignement militaire israélien, s'inquiète de la nouveauté que constituerait un partage de renseignements dans le domaine de la Défense.
Un partenariat que, faute de capacités économiques, Moscou n'est pas en mesure de proposer
La tournée moyen-orientale de Wang Yi a suivi de près le déplacement de son homologue russe dans plusieurs capitales de la région (Riyadh, Abou Dhabi, Doha). Au lendemain de la signature du partenariat sino-iranien, Mojtaba Zonnour, président de la Commission de la Sécurité nationale et des Affaires étrangères du Majlis, a proposé à la Russie de conclure un accord analogue, afin de "neutraliser la politique américaine de pression maximale", relève la Nezavissimaïa gazeta. Cette offre laisse dubitatifs les experts interrogés par le journal, certains considèrent que "l’accord de coopération politico-stratégique" bilatéral, dont on vient de marquer le vingtième anniversaire, constitue un cadre suffisant, au plan commercial en effet, les relations russo-iraniennes (2,1 Mds $) se situent très en deçà des échanges sino-iraniens (14,9 Mds $ en 2020, 23 Mds $ en 2019). Moscou, souligne Vladimir Sajine, chercheur à l'Académie des Sciences de Russie, n'est pas en mesure d'investir des milliards de dollars dans l'économie iranienne, depuis 2005, année où il a atteint 2 Mds $, le commerce bilatéral stagne. En dépit des fortes déclarations de responsables iraniens, Vladimir Sajine refuse de qualifier de "stratégique" la relation Moscou-Téhéran, il s'agit selon lui d'un "partenariat de circonstance", à vocation politique en premier lieu. Malgré "l'alignement dans de nombreux domaines", note le site chinaobservers.eu, il existe entre la Russie et l'Iran une "méfiance réciproque sur plusieurs théâtres géopolitiques" (Caucase du sud, Syrie), qui fait que Téhéran ne va pas se tourner vers l'alternative que pourrait représenter l'Union économique eurasiatique, promue par Moscou.
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