On peut donc considérer qu’aujourd’hui, les Afghans peuvent régénérer par eux-mêmes les pertes subies au combat, comme les désertions, hélas très nombreuses. Les deux autres missions, dans l’hypothèse où l’effort principal de retrait affecterait la mission de formation, ne seraient pas véritablement impactées par cette diminution des effectifs. Le soutien américain à l’armée afghane pourrait être maintenu au même niveau d’efficacité, avec les seules forces spéciales et les capacités aériennes intervenant à distance, qu’elles soient pilotées ou non.
Deux aspects doivent, toutefois, être pris en compte :
- C’est un mauvais coup porté à l’OTAN avec cette décision unilatérale prise sans concertation - ce dont le Président Trump est coutumier -, qui fragilise encore un peu plus la solidité de l’alliance atlantique ;
- Il ne semblerait pas judicieux de procéder au retrait avant la fin du processus électoral en cours, car les forces afghanes vont naturellement être distraites de leurs missions premières, alors même que la tension politique et intercommunautaire va s'accroître. Si l’annonce s’inscrivait dans une démarche politique, elle se comprendrait - puisqu’elle serait un signal adressé aux Talibans qui demandent depuis toujours comme préalable à toute négociation de mettre un terme à la présence des forces dites d’occupation sur le sol afghan -, mais cela ne semble pas être le cas.
La dernière élection présidentielle s’est terminée par un accord de partage du pouvoir entre le Président Ashraf Ghani et le chef de l'exécutif Abdullah Abdullah, négocié par l'ancien secrétaire d'État John Kerry. Une solution similaire peut-elle être envisagée pour les élections à venir ?
Tout est envisageable pour cette élection, y compris l’hypothèse que vous décrivez. Si le pouvoir a été formellement "partagé" entre le Président Ashraf Ghani et le Premier ministre Abdullah Abdullah, la culture afghane, la jurisprudence de la longue présidence Karzaï, ainsi que le caractère et la personnalité de ces hommes, ont incontestablement accordé la prééminence au Président. Ce partage des rôles a toutefois permis de sortir de la crise issue des élections présidentielles de 2014, mais n’a pas véritablement modifié le fonctionnement des institutions politiques afghanes. La démocratie afghane a indéniablement gagné en solidité et en légitimité : les élections se sont déroulées - même si pas toujours aux dates prévues -, la population s’est plutôt courageusement déplacée à chaque fois malgré des conditions de sécurité précaires, en témoignent les attentats spectaculaires, tant sur les candidats, que sur les lieux de vote. Nul doute que les élections de juillet 2019 seront une nouvelle démonstration de la dynamique de cette jeune démocratie.
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