Il reste, enfin, la possibilité d'une nouvelle crise causée par un caprice de M. Erdogan dans la perspective des élections de 2023 ou, surtout, par le retour à la Maison Blanche d'un président capricieux ou pusillanime. On sait maintenant que M. Trump avait été à deux doigts de briser l'organisation transatlantique et qu’il envisageait de le faire s'il avait été réélu. L'OTAN a gagné du temps, mais sa pérennité n’est pas assurée pour autant. D'autres tensions sont à prévoir si l'Amérique souhaitait brusquement renforcer sa présence en Asie alors que la Russie serait toujours menaçante…
Et la France ? Fidèle à ses habitudes, elle s’est voulue être un allié fidèle et exigeant. C'est sur sa proposition qu’un élément de présence avancée a été créé en Roumanie en février. Elle s'est félicité de l’insistance nouvelle donnée au rôle de la dissuasion, elle qui a toujours insisté pour que l'OTAN se définisse comme une "alliance nucléaire". Elle a insisté pour que la Russie et la Chine, qui ne sont pas alliées au sens militaire du terme, ne soient pas présentées comme relevant d’une menace commune. Enfin, si elle a obtenu, avec la bénédiction américaine, une plus grande reconnaissance de la complémentarité entre OTAN et défense européenne, on peut douter qu’elle sera en mesure de pousser cet agenda très loin dans les circonstances présentes. Aux yeux de certains de ses alliés, en effet, la notion "d'autonomie stratégique" dans le domaine de la défense semblera moins pertinente dans un contexte de resserrement des liens transatlantiques, l’entrée de la Finlande et la Suède rend moins urgent le renforcement des capacités de défense propre de l'UE (tout en donnant plus de crédibilité à la notion de "pilier européen de l'Alliance"). Et les positions de Paris vis-à-vis de la Russie ont émoussé la relation de confiance entre la France et ses alliés d’Europe centrale…
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