Une partie de ces économies pourrait permettre de réduire les impôts sur la production des entreprises (contribution sur la valeur ajoutée, contribution de solidarité des sociétés, taxes foncières, taxe sur les salaires, versement transport…), même si les entreprises bénéficiaires des aides et soumises à ces impôts sont rarement les mêmes. Ces impôts représentent en effet 4,5 % du PIB en France en 2017, pour une moyenne de 2,3 % dans la zone euro ou l’Union européenne (et seulement 0,6 % en Allemagne), et contribuent à réduire la compétitivité des entreprises françaises.
Récapitulatif des économies proposées
Les dépenses publiques par fonction en % du PIB
Mesures | Economies (Md€) |
---|
Relever de deux ans l’âge minimal de départ en retraite ou la durée de cotisation requise pour obtenir le taux plein | 11,0 |
Réduire les aides au logement en allégeant les contraintes pesant sur l’offre de logements | 3,0 |
Ajuster les tarifs de certains biens et services médicaux à la baisse | 3,7 |
Rétablir la dégressivité des allocations de chômage dans le temps | 1,7 |
Remplacer la moitié des lignes ferroviaires à très faible trafic par des lignes d’autocars assurant un service équivalent | 0,6 |
Supprimer certains recouvrements de compétences entre l’Etat et les collectivités territoriales | 1,0 |
Recentrer les investissements des collectivités territoriales sur le développement économique et social | 1,0 |
Réduire les aides aux entreprises | 2,0 |
Total | 24,0 |
|
Annexe : le coût des politiques publiques en France et dans la zone euro
Les instituts statistiques nationaux de l’Union européenne et Eurostat ventilent les dépenses publiques par grandes "fonctions". Celles-ci correspondent à des politiques publiques dont le coût peut ainsi être mesuré.
| 2006 | 2016 |
| France | Zone euro | France | Zone euro |
Protection sociale Dont : retraites et dépendance
Santé et invalidité
Famille
Chômage
Exclusion sociale
Autres | 28,2 13,0
10,1
2,4
1,8
0,8
0,1 | 24,4
11,1
9,1
1,4
1,8
0,5
0,5 | 31,5
15,0
10,9
2,4
2,0
1,1
0,2 | 26,7
12,5
9,8
1,7
1,6
0,7
0,3 |
Logements et équipements sportifs | 2,0 | 1,1 | 2,1 | 1,0 |
Enseignement | 5,5 | 4,6 | 5,4 | 4,6 |
Loisirs, culture et culte | 1,3 | 1,1 | 1,2 | 1,1 |
Protection de l'environnement | 0,9 | 0,8 | 0,9 | 0,8 |
Soutien de l'activité économique | 4,5 | 4,4 | 5,6 | 4,2 |
Services généraux | 4,1 | 3,9 | 4,0 | 4,0 |
Ordre et sécurité publics | 1,5 | 1,6 | 1,6 | 1,7 |
Défense | 1,8 | 1,3 | 1,8 | 1,2 |
Intérêts de la dette | 2,8 | 2,9 | 2,1 | 2,3 |
Total des dépenses publiques | 52,5 | 46,0 | 56,4 | 47,6 |
Source : Eurostat, FIPECO.
De 2006 à 2016, le coût des politiques publiques a plus augmenté en France (+ 3,9 points de PIB) que dans la zone euro (+ 1,6 point). Il se situe en France 8,8 points de PIB au-dessus de la moyenne européenne en 2016. Le CICE, qui est une dépense publique en comptabilité nationale, explique ces écarts à hauteur de 0,8 point de PIB.
La protection sociale est le principal déterminant de l’écart entre les dépenses publiques en 2016 et de son évolution de 2006 à 2016. Son coût est en France supérieur de 4,8 points de PIB à la moyenne européenne en 2016 alors que l’écart était de 3,8 points en 2005. Les dépenses liées à la retraite et à la dépendance contribuent pour 2,5 points à l’écart entre les coûts de la protection sociale en 2016, contre 1,9 point en 2006. Les dépenses de santé y contribuent pour 1 point de PIB, en 2016 comme en 2006.
Les coûts de la sécurité intérieure et la charge de la dette sont plus faibles en France que dans la zone euro en 2016. Les services généraux, qui correspondent aux « frais généraux » des administrations (en dehors de ceux correspondant aux politiques publiques identifiées dans le tableau : enseignement, santé, défense, sécurité publique…), ont le même poids en France et dans la zone euro en 2016 alors qu’ils étaient légèrement plus élevés en 2006.
Le coût de toutes les autres politiques publiques est plus élevé en France et l’écart est particulièrement important pour la politique du logement (1,1 point de PIB en 2016), l’enseignement (0,8 point) et les aides et subventions aux ménages et entreprises destinées à soutenir l’activité économique hors CICE (0,6 point).
Références
(1) Les taux de croissance des dépenses publiques en volume sur 2018-2022 dans la loi de programmation et dans le projet de loi de finances pour 2019 sont très proches en moyenne annuelle.
(2) La situation conjoncturelle d’un pays affecte également le montant des dépenses publiques à travers les allocations de chômage mais, celles-ci étant de 35 Md€ sur un total de presque 1 300 Md€ de dépenses publiques, cet effet est relativement faible.
(3) Par des emprunts à hauteur de 5 % et par des recettes autres que les prélèvements obligatoires (redevances pour services rendus, dividendes reçus…) à hauteur de 13 %.
(4) Le coût de cette bonification est considéré comme une dépense publique en comptabilité nationale car il s’agit d’un crédit d’impôt ; la réduction d’impôt pour investissement locatif devrait également être supprimée mais ce n’est pas une dépense publique en comptabilité nationale.
(5) Une autre forme de dégressivité des indemnités de chômage est parfois proposée : leur dégressivité par rapport au salaire de référence du demandeur d’emploi, alors que l’allocation de retour à l’emploi est aujourd’hui à peu près proportionnelle au salaire de référence jusqu’à un plafond plus élevé que dans presque tous les autres pays. Cette dégressivité entraînerait d’importantes économies pour l’Unedic mais elle pourrait conduire à baisser le plafond des cotisations à l’assurance chômage.
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