Nouveau départ pour l'Espagne
L'Espagne était jusqu'ici relativement discrète en Chine, et à l'égard des investisseurs chinois, mais il semble que la visite du président Xi symbolise un nouveau départ. Madrid n'entend pas être tenu à l'écart, et tente d'offrir ses services à la Chine pour les marchés sud-américains. Les investissements chinois auraient atteint 1,6 milliard d'euros en 2016, année durant laquelle la Chine a acquis deux entreprises technologiques espagnoles Aritex et Eptisa. Le groupe hôtelier NH était de son côté passé entre les mains du chinois HNA, mais ce dernier - en difficulté en Chine - chercherait à revendre sa participation majoritaire.
De leur côté, la Grèce et l'Italie ont enregistré de nombreux investissements chinois : le groupe de transport maritime COSCO détient actuellement 67 % du Port du Pirée à Athènes, cependant que l'Italie a attiré depuis une dizaine d'années une cascade d'acquisitions chinoises, majoritaires ou minoritaires dans l'énergie (Enel, Eni, CDP Reti), l'industrie pneumatique (Pirelli), l'automobile (Fiat), la machine-outil (Cifa) ou encore le luxe (Ferragamo, Ferretti). De nombreuses PME italiennes ont également été rachetées.
Influence politique?
La Chine exerce-t-elle pour autant une influence politique sur les pays dans lesquels elle investit ? Dans le cas de la Grèce, la question s'est posée à deux reprises, lorsque Athènes a pris parti pour Pékin en 2016, puis en 2017, sur des questions de droits de l'homme ou de liberté de circulation maritime. De même, plusieurs pays - dont l'Italie, pourtant à l'origine de cette initiative avec la France et l'Allemagne - ont émis des hésitations à soutenir le projet (quasiment bouclé) de la Commission européenne de contrôler davantage les investissements chinois dans la technologie ou les infrastructures. La position du gouvernement portugais demeure ambigüe.
Les enquêtes d'opinion réalisées par l'institut Pew Research reflètent des perceptions diverses de la part de ces pays du sud. Italiens et Espagnols, notamment, demeurent sceptiques quant aux investissements chinois (c'est moins le cas en Grèce ou au Portugal). Pour autant, la Chine a commencé à s'implanter durablement dans cette partie de l'Europe, attirant du même coup des sympathies nouvelles dans une région où les investissements américains et même européens avaient considérablement baissé ces dernières années ce qui n'a pas échappé à Pékin, qui poursuit son opération de charme avec ces deux visites d'Etat. A bon entendeur...
Avec l'aimable autorisation de La Tribune (publié le 27/11/18).
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