Ainsi, à Mulhouse, l’armée joue un rôle clef pour désengorger l’hôpital de la ville, à travers l’installation d’un hôpital de campagne du Service de santé des armées (SSA), qui compte 30 lits de réanimation et une centaine de personnels soignants militaires. L’armée de l’air est également mise à contribution pour transporter des malades vers des zones moins saturées grâce au Module de réanimation pour patient à haute élongation d’évacuation, dit "Morphée", qui a habituellement pour mission de rapatrier des blessés de guerre dans le monde entier vers l’Hexagone. Des patients gravement atteints ont ainsi été transférés de Mulhouse vers Marseille, Toulon, puis vers l’Aquitaine. Dimanche 22 mars, un porte-hélicoptère disposant de l'hôpital embarqué le plus grand d'Europe a également déplacé une douzaine de patients, de Corse vers le continent. En outre, cinq hôpitaux militaires ont mis à disposition 117 lits, dont 40 de réanimation.
Le SSA avait déjà apporté son soutien dans des situations de crise sanitaire antérieures, à la suite des attentats de 2015 à Paris ou de 2016 à Nice par exemple. Outre la contribution réelle à l’effort national, la mobilisation des armées constitue surtout un enjeu de communication, destiné à rassurer des citoyens angoissés par l’ampleur de la crise et en demande de protection. C’est notamment l’objet du lancement de l’opération militaire baptisée "Résilience" annoncée ce mercredi par le Président Macron, "entièrement consacrée à l'aide et au soutien aux populations, ainsi qu'à l'appui aux services publics pour faire face à l'épidémie, en métropole et en Outre-mer", dont les contours sont encore flous mais qui ne paraît pas aller plus loin que ce qui était déjà à l’œuvre depuis le 16 mars.En réalité, la contribution d’une armée française déjà sursollicitée est limitée par les moyens dont elle dispose. Il convient d’une part d’assurer la continuité des nombreuses opérations dans lesquelles la France est engagée sur des théâtres extérieurs - même si elle vient d’annoncer le retrait de ses troupes d’Irak en raison de la pandémie -, sans compter l’opération Sentinelle lancée au lendemain des attentats de janvier 2015 pour faire face à la menace terroriste sur le territoire national. D’autre part, le SSA a connu d’importantes coupes budgétaires ces dernières années et ne compte désormais plus que pour 1 % de l’offre publique de soins, avec 2 500 médecins et 1 700 lits d’hôpital.
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