Du 27 au 29 janvier prochain, Emmanuel Macron se rend en Egypte, dans une région aux multiples conflits où les émotions sont les plus fortes et souvent irréconciliables.
"Vers l'Orient compliqué, je volais avec des idées simples. Je savais que, au milieu de facteurs enchevêtrés, une partie essentielle s'y jouait. Il fallait donc en être." C'est par cette phrase si souvent citée que s'ouvre le chapitre Orient du tome I des Mémoires de guerre du général de Gaulle. Nous sommes en avril 1941, le chef de la France libre vole vers Le Caire.
Dans quelques jours, le président Emmanuel Macron s'envolera lui aussi vers la capitale égyptienne pour un voyage officiel. Au-delà de la polémique - "faut-il s'afficher aux côtés du maréchal Sissi, dont le régime piétine si brutalement les droits de l'homme ?" - se posent des questions plus globales. La France, et au-delà l'Europe, ont-elles encore un rôle à jouer dans cette région du monde et pourquoi ?
L'avenir économique du monde est en Asie, son avenir démographique en Afrique. Au-delà de ses ressources en hydrocarbures et de sa proximité géographique avec l'Europe, le Moyen-Orient continue d'être la région des émotions les plus fortes et les plus irréconciliables.
Hier encore, le conflit israélo-arabe, devenu israélo-palestinien, constituait la matrice des problèmes de la région. Aujourd'hui, s'il existe plus que jamais un conflit Iran-Israël, la rivalité Arabie saoudite-Iran est devenue prédominante. Les Iraniens regardent les Saoudiens de haut. Ces derniers sont encore plus obsédés par leur rival perse que ne peuvent l'être, en Asie, les Japonais par les Chinois.
Le diktat de la realpolitik à court terme
Le problème Israël-Palestine subsiste, mais - et c'est une constante qui s'applique particulièrement à la région - la loi du plus fort s'est imposée. Israël a gagné. Les Palestiniens ont été défaits, tout comme ont pu l'être les opposants au régime Assad en Syrie, ou sur un plan politique les Kurdes. Pas plus que les Palestiniens, ils ne sont sur le point d'avoir un Etat. Quel sera le coût de cette victoire pour Israël ? Les valeurs éthiques du judaïsme, défendues avec talent et courage, par le grand écrivain récemment disparu, Amos Oz, ont pesé de peu de poids face au diktat d'une vision de realpolitik à court terme.
Fatigue géopolitique
Au-delà de cette révolution matricielle se déroule sous nos yeux - largement en l'absence de l'Europe - comme un passage de relais entre l'Amérique et la Chine. La Russie peut marquer des points mais elle n'a pas les moyens, contrairement à la Chine, de s'implanter de manière décisive dans la région.
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