Les élections au Bundestag du 26 septembre ont permis à l’Allemagne de désigner un nouveau parlement. Alexandre Robinet-Borgomano, responsable du programme Allemagne de l’Institut Montaigne, nous livre son analyse sur les forces en présence qui formeront la future coalition et désigneront le prochain Chancelier.
Les élections au Bundestag qui se sont tenues en Allemagne dimanche 26 septembre ont confirmé la stabilité de la démocratie allemande. Les deux partis au pouvoir, le Parti social-démocrate (SPD) et l’Union chrétienne-démocrate (CDU-CSU) arrivent en tête du scrutin, avec respectivement 25,7 % et 24,1 % des voix, confirmant la volonté de l'électorat allemand d’inscrire l’avenir de la politique allemande dans le prolongement des années Merkel. Le taux de participation des dernières élections atteint 76,6 %, un niveau comparable à celui des dernières élections (76,2 % en 2017). Si le Parti social-démocrate (SPD) et l’Union chrétienne-démocrate (CDU-CSU) arrivent en tête du scrutin, avec respectivement 25,7 et 24,1 % des voix, l’issue de ce scrutin est marqué par un net recul des extrêmes : la gauche radicale Die Linke n’atteint que 4,9 % des voix, contre 8,9 % en 2017, et le parti d’extrême droite Alternative für Deutschland (AfD) accuse un léger recul, passant de 12,6 % en 2017 des voix à 10,3 % en 2021.
Ce scrutin ne permet cependant pas de dégager une majorité claire au Parlement. La fragmentation du paysage politique et l'essoufflement du modèle de la "Grande Coalition", unissant depuis 2013 les deux principaux Volksparteien, oblige l’Allemagne à envisager pour la première fois au niveau fédéral une coalition, unissant non plus deux, mais trois partis. Dans ce contexte les Verts, qui s’imposent comme la troisième force politique du pays en récoltant 14,8 % des voix contre 8,9 % en 2017, et les Libéraux du FDP, qui voient également leur score progresser et passer de 10,7 % en 2017 à 11,5 % s’imposent incontestablement comme les "faiseurs de rois". À l'issue du scrutin, les Verts et les Libéraux ont choisi de s’entendre pour pouvoir déterminer la forme de future coalition qui portera à la Chancellerie le candidat des sociaux-démocrates, le Vice-Chancelier Olaf Scholz, ou celui des Chrétiens démocrates, le Ministre-président de Rhénanie du Nord Westphalie, Armin Laschet. La volonté des différents partis de s'accorder et dépasser leurs différences pour donner un gouvernement à l’Allemagne apparaît à bien des égards comme une leçon de démocratie.
La victoire des Sociaux-démocrates
Les élections au Bundestag du 26 septembre sont marquées par la renaissance de la sociale démocratie et par un affaiblissement historique de la démocratie chrétienne allemande. Au niveau fédéral, la CDU-CSU n’était jamais tombée en dessous de la barre des 30 % et son score (24,1 %) est vécu en Allemagne comme une défaite historique, qui ne doit pas masquer un effet de normalisation. Longtemps portée par la popularité d’Angela Merkel, l’Union chrétienne démocrate retrouve avec ces élections un niveau comparable à celui des partis de droite traditionnelle en Europe : en Espagne, le parti populaire a obtenu aux élections de 2019 20,8 % des voix alors qu’en France, les Républicains obtiennent en 2017 20,1 % des voix. Le résultat de ces élections révèle à la fois la nécessité et la difficulté pour la CDU-CSU de construire "l’après-Merkel".
Les défaites personnelles des proches d’Angela Merkel qui ne sont pas parvenus à l’emporter dans leur circonscription - le Ministre de l’économie Peter Altmaier, la Ministre de la défense Annegret Kramps Karrenbauer, le Ministre de la Chancellerie Helge Braun - révèlent ainsi la désorientation du parti trop longtemps dominé par la seule figure de la Chancelière. Dépourvu de contours idéologiques et d’une nouvelle génération de décideurs, l’Union chrétienne-démocrate pourrait ainsi être tentée de se régénérer dans l’opposition.
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