De ce point de vue, le financement des déficits ne devrait pas poser de problèmes en 2020, puisque la BCE a mis en place un programme d’achat d’obligations ambitieux, le PEPP1 – au moins 750 Mds d’euros, ce qui devrait être proche de l’augmentation des déficits de l’union monétaire cette année — sans grandes contraintes, puisque la règle auto-imposée d’un seuil de détention d’un actif particulier à 33 % est levée pour ce nouveau programme d’achat. Il pourrait en être autrement en 2021, si les États de la zone euro ne parvenaient pas à se mettre d’accord sur un financement collectif de leur effort de lutte contre l’épidémie.
Le scénario noir : sortie, puis rechute, un profil en L/W dont les conséquences sociales et politiques pourraient être gravissimes
Si les conditions d’une sortie de confinement dans de bonnes conditions sanitaires n’étaient pas remplies, un redémarrage de l’épidémie deviendrait probable. Dans ce cas, on peut craindre que, dans un premier temps, les autorités ne tergiversent, faute d’avoir toute l’information disponible (le virus semble avoir un temps de mutation assez lent, mais il mute quand même), avant de se résoudre à ré-imposer un confinement total ou partiel. Pour l’économie du pays, ce serait un véritable scénario catastrophe. Le début de reprise avorterait, les faillites se multiplieraient malgré toutes les mesures prises pour les prévenir, car les banques ne pourraient se permettre d’étendre les lignes de crédit ad libitum.
Les entreprises de plus grande taille, considérées comme nécessaires à la sécurité du pays ou au maintien de l’emploi – on songe aux transports ou à l’industrie automobile - pourraient être nationalisées, mais cela ne changerait guère l’image d’ensemble. Nous avons simulé une faible reprise lors de la sortie du confinement, suivie d’une rechute, puis d’une faible croissance, bridée par les dégâts infligés aux entreprises et par la forte augmentation du chômage. Pour fixer les idées, le PIB baisserait de 16 % en 2020, de 2 % à nouveau en 2021, et même si la croissance reprenait ensuite, le niveau d’activité serait fin 2022 encore 15 % plus bas qu’au début de la crise, ce qui suggère un taux de chômage de l’ordre de 20 %, du jamais vu depuis la crise de 1929. Pour combler le déficit d’emplois, les salaires réels devraient en théorie baisser significativement, ce qui, en l‘absence d’inflation a bien peu de chances de se produire. L’État tenterait très probablement un plan de relance de grande ampleur, ce qui poserait évidemment la question de son financement par les marchés.
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