L’émergence de deux figures d’extrême droite en France intéresse d’ailleurs tout particulièrement l’Italie, qui retrouve là une dynamique comparable à celle que le pays a connu avec l’arrivée de Giorgia Meloni, figure montante de l'extrême droite italienne, cheffe du parti Fratelli d'Italia, qui gagne progressivement du terrain et menace celui qui est désormais autant son allié que son rival, Matteo Salvini, leader du parti d’extrême droite Lega, ancien Vice Président du Conseil des ministres italien. On dit souvent que l’Italie est un laboratoire politique à ciel ouvert, la France pourrait bien, dans le contexte, lui disputer ce rôle-là. Le scrutin des 10 et 24 avril nous le dira.
Une vision contrastée du bilan
Venons-en maintenant au bilan du quinquennat. La presse étrangère s’accorde sur son aspect globalement positif s’agissant de la politique intérieure du Président. Elle met en avant la réduction du taux de chômage (aujourd’hui à 7,4 %, un taux jamais observé depuis la crise de 2008) et s’intéresse tout particulièrement à l’augmentation de son taux d’emploi, y compris pendant la crise et pour les personnes de plus de 50 ans. Les 25 licornes promises par le candidat ont bien vu le jour en janvier 2022 (contre 3 en 2017) et la croissance, malgré la pandémie, a été au rendez-vous en 2021. Mais, pour nos interlocuteurs, ces évolutions ne doivent pas dissimuler les grandes divisions qui continuent de traverser une France marquée par les contrastes et les inégalités. Et ce bilan, positif sur la plan de l’économie, est par ailleurs beaucoup plus contrasté s’agissant du renouveau de la démocratie : que sont devenus les cahiers de doléances du grand débat ? Les conclusions de la convention citoyenne pour le climat ? Les questionnaires de la toute première grande marche de 2017 ? Autant d’éléments qui auraient dû ouvrir le débat démocratique et citoyen, renforcer la transparence et le dialogue, renouveler les méthodes et les figures du politique. Sur tout ce volet, un constat d’échec domine chez nos voisins.
Sur le plan européen, là encore nos voisins relèvent des avancées considérables, crantées par le discours de la Sorbonne, dont la pandémie puis la guerre en Ukraine ont renforcé la pertinence et l’urgence. L’émergence du concept de souveraineté européenne, qui paraissait saugrenu pour certains pays de l’Union il y a quelques mois encore, fédère désormais une majorité de nos voisins, poussés tout particulièrement par le conflit russo-ukrainien. Avant la guerre, même l’accord de coalition allemand s’y était converti, mentionnant explicitement son souhait de voir émerger "une Union européenne démocratiquement consolidée, capable d’agir et stratégiquement souveraine".
Sur le plan international enfin, les choses sont beaucoup plus mitigées, et peu de progrès réels sont portés au crédit du Président Macron par nos interlocuteurs, qu’il s’agisse du dialogue avec Poutine ou avec Trump, des tentatives de paix au Liban, ou de la situation au Sahel. Selon nos correspondants allemands, le Président français a rapidement perdu la stature de "sauveur" qu’il pouvait avoir aux yeux de certains Allemands notamment ; la promesse de "France is back" s’est, enfin, souvent traduite par l’exercice d’un pouvoir en solitaire, empreint d’une forme d’arrogance, très mal perçue par nos voisins.
Draghi, Scholtz, Johnson : des amitiés contrastées avec le Président Macron
La perception de la situation française en Europe est très liée à la nature des relations qui lient le Président de la République aux différents dirigeants européens. Prenons le Royaume-Uni de Boris Johnson d’abord. Les deux hommes, Johnson et Macron, pourraient difficilement être plus différents : qu’il s’agisse de leur appréhension de la politique, de leur vision de l’Europe ou de leur exercice du pouvoir. Cette différence de nature ne les a pourtant pas empêché, au tout début du mandat Johnson en 2019, d’afficher une forme de proximité. Lors de leur première rencontre en août 2019, une tentative de séduction réciproque semble s’installer, mais cette dynamique ne durera qu’un temps et c’est bien une forme d’hostilité, voire de défiance, qui domine aujourd’hui entre les deux hommes.
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