Si les objectifs de production d’électricité fixés par le candidat devraient être peu ou prou remplis à l’horizon 2050 sur la base de ce programme, la frilosité affichée par Emmanuel Macron sur la question de la sobriété ne laisse que peu de marge de manœuvre à sa mise en œuvre. À droite, le programme proposé par Valérie Pécresse semble difficilement capable de remplir les très fortes ambitions affichées en matière de production d’électricité à l’horizon 2050 : la relance du nucléaire est timide et les ambitions sur le renouvelable largement insuffisantes (peu de détails sont livrés sur le solaire et la candidate entend conditionner le développement de l’éolien à l’acceptabilité locale). Ce manque d’ambition est problématique au regard de l’emphase placée par la candidate sur la réindustrialisation du territoire national.
L’objectif d’une réindustrialisation accélérée est également farouchement défendu par Eric Zemmour, qui de son côté propose la construction de 14 nouveaux EPR à l’horizon 2050. En théorie, il s’agit du projet énergétique le moins coûteux à mettre en œuvre, en cela qu’il se rapproche du scénario “N03” étudié par RTE. Pourtant, cette approche reste ambitieuse sur le développement du nucléaire compte tenu des récentes difficultés rencontrées par la filière. En outre, le bât blesse en matière de développement des énergies renouvelables, considéré par RTE comme une absolue nécessité au respect des engagements climatiques nationaux. Le candidat souhaite interdire tout nouveau projet éolien, ce qui induirait un manque à gagner de 112 TWh à l'horizon 2050. Cette perte apparaît difficilement compensable par le développement de la géothermie et de la biomasse, qu’il appelle pourtant de ses vœux. Seule issue : la multiplication par quinze de la capacité solaire nationale, qu’Eric Zemmour semble pour l’heure se refuser à envisager. Dans ces conditions, l’atteinte de la neutralité carbone et le bon approvisionnement électrique du territoire en 2050 apparaissent compliqués. Le problème se pose en des termes similaires pour la candidate du Rassemblement National, Marine Le Pen. Si elle dit vouloir développer l’hydroélectricité et la géothermie, elle souhaite également stopper tout projet éolien et solaire en cours de développement, et démanteler les éoliennes déjà mises en place, ce qui contrevient directement aux injonctions de RTE et de l’ADEME. En outre, la mise en service de cinq paires d'EPR supplémentaires en 2031 et de cinq paires d'EPR 2 en 2036 dans son scénario baptisé “Marie Curie” caractérisent ce programme tout-nucléaire. La capacité de la filière à remplir une telle commande aujourd'hui n'est pas du tout garantie, le risque d’un manque d’approvisionnement électrique à l’horizon 2050 est donc élevé.
Quoi qu’il en coûte ?
À l’image des propositions avancées sur la question énergétique par les candidats, les coûts associés varient fortement entre ces différentes options. Parmi les propositions jugées raisonnables, et qui devraient permettre l’atteinte de la neutralité carbone à l’horizon 2050 tout en remplissant les objectifs affichés de production électrique, le scénario le moins coûteux est celui défendu par le président de la République. L’étude publiée par RTE associe en effet le maintien d’une partie du parc nucléaire à un moindre coût.
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