Or, l’existence de ce mécanisme coercitif n’a jusqu’à présent pas eu d’effet notoire sur la demande de logement social, rien ne permet d’affirmer que le renforcement de ces sanctions réponde donc à cet objectif. Le débat reste ouvert : l’effort de construction de logements sociaux, particulièrement en zones tendues, est un sujet clé, avec la difficulté de ne pas favoriser la concentration des ménages modestes dans les mêmes territoires.
L’Institut Montaigne invite, avec pragmatisme, à ouvrir un débat - certes difficile, car il interroge sur notre modèle de société - sur ce que devrait être le logement social, les publics auxquels il s’adresse, la mixité sociale, et surtout, la mobilité et les parcours résidentiels qu’il faut encourager. Quelques mesures peuvent être envisagées afin de faire en sorte que le logement social constitue une étape plutôt qu’un objectif dans le parcours de vie des citoyens. La possibilité de recourir à des baux à durée déterminée dans le parc social en zone tendue, où la demande est la plus forte, est par exemple une réflexion intéressante, qui a été énoncée par la candidate Valérie Pécresse, qui souhaite mettre en place un bail de six ans dans le logement social, avec vérification de l’éligibilité du locataire à chaque renouvellement de bail.
Généraliser l’encadrement des loyers à l’ensemble du territoire
Une autre proposition qui a été mise en avant par Anne Hidalgo, Yannick Jadot et Jean-Luc Mélenchon consiste à généraliser l’encadrement des loyers à l’ensemble du territoire. Ce dispositif s’applique aux zones tendues et interdit aux propriétaires de fixer un loyer supérieur à un montant maximum. Il est mis en œuvre à titre expérimental par la loi Elan de 2018 dans les communes volontaires, et a été prolongé par la loi Décentralisation, différenciation, déconcentration et simplification (3DS), adoptée définitivement le 9 février 2022. Ce dispositif a donc pour objectif de contenir la hausse des dépenses de logement pour les locataires. La seule expérience significative et que l’on peut évaluer est celle de la ville de Paris qui l’a appliqué d’août 2015 à novembre 2017 avant de le remettre en place en juillet 2019. L’Observatoire des loyers de l’agglomération parisienne (OLAP) en a conclu que ce mécanisme avait, à court terme, réduit de façon modérée le taux de dépassement des plafonds de loyers et freiné la hausse du niveau des loyers dans la commune sans pour autant éradiquer les excès.
En revanche, les effets sur le long terme d’un tel mécanisme peuvent être contraires aux objectifs recherchés. Des travaux économiques ont démontré que ce type de pratique peut entraîner une réduction de l’offre de logements pouvant aller jusqu’à 15 % à San Francisco. En effet, face à la baisse des rendements locatifs liés à cette mesure, les investisseurs sont enclins à se retirer du marché du logement, faute d’attractivité, ce qui contribue à créer une tension à la baisse sur la production et in fine à une réduction significative du nombre total de logements disponibles, mettant en difficulté les ménages les plus modestes pour se loger.
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