Mais quel serait le coût d’un tel recrutement ? L’opération de chiffrage menée par l’Institut Montaigne a mis en lumière les différents coûts liés à ces mesures, indépendamment de leur faisabilité opérationnelle. Pour ce chiffrage, le rapport annuel sur l’état de la fonction publique de 2021 et des données de la Drees ont été analysés. Le coût annuel de recrutement d’un soignant (en début de carrière), charges sociales comprises, serait ainsi estimé à 26 300 euros, auxquels s’ajouteraient les coûts annuels de formation, qui peuvent être estimés à 14 270 euros. Le recrutement de 25 000 soignants, comme proposé par Valérie Pécresse, est ainsi évalué à 0,8 milliard d’euros par an par l’Institut Montaigne (0,7 Md€ par an par la candidate). Le recrutement de médecins reste cependant plus difficile à chiffrer selon leur statut (hospitalier / libéral) et leur spécialité.
L’augmentation du nombre de soignants est une question soulevée depuis de nombreuses années : la suppression du numerus clausus en 2019 a permis d’augmenter de près de 20 % le nombre de places en 2ème année d’études de médecine. Néanmoins, cette mesure n’aura d’effets visibles que dans une dizaine d'années alors même que des solutions opérationnelles rapidement sont nécessaires. Par ailleurs, la perte d’attractivité croissante des carrières soignantes interrogent sur la faisabilité des mesures énoncées par les candidats. Dès lors, plusieurs pistes peuvent être envisagées. Tout d’abord, la revalorisation de la profession de médecin généraliste de ville pour offrir aux jeunes médecins des conditions d’exercice plus adaptées à leur mode de vie, avec l’innovation au cœur de leur métier. Ensuite, la délégation de compétences aux infirmiers et aux pharmaciens, le médecin se positionnera alors vers des actes plus complexes et à plus haute valeur ajoutée pour dégager du temps médical. Enfin, le déploiement de la télémédecine et de la e-santé à l’hôpital comme dans les cabinets médicaux et paramédicaux peut participer à la recomposition de l’offre de soins.
La fin du paiement à l’acte : une mesure qui implique de repenser les parcours de soins
La majorité des candidats ont également intégré au sein de leur programme santé une évolution du financement de notre système de soins. Marine Le Pen, Yannick Jadot et Jean-Luc Mélenchon proposent tous les trois de supprimer la tarification à l’activité (T2A) afin de revenir à une dotation globale de financement. Anne Hidalgo souhaite quant à elle modifier les règles de la T2A par une dotation correspondant aux besoins de santé de la population desservie. La T2A constitue le mode de financement majoritaire des dépenses hospitalières et consiste à facturer chaque acte réalisé par les établissements de soins, les incitant naturellement à augmenter leurs nombres d’actes au détriment parfois de la qualité. Ce type de financement ne répond plus aux besoins des patients, dans un contexte d’augmentation des maladies chroniques et des dépenses de santé.
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