Plus encore que les libertés, les peuples réclament un accès aux ressources, aux services vitaux et l’arrêt du dépeçage de leur terre par des dirigeants qui ne leur assurent même plus l’eau potable et l’électricité.
Les dirigeants qui assoient leur autorité sur leur prétention à représenter leur communauté doivent conserver la cohésion de leur poulailler. C’est ainsi qu’ils pensent préserver le partage du gâteau, avec un habillage différent selon les pays. Chaque chef a un pouvoir de blocage pour exclure tout changement réel et tous s’entendent pour que rien ne bouge. Ils négocient ainsi le contrôle de ministères ou de secteurs de l’économie, un port, un aéroport, un minerai, qui deviennent autant de chasses gardées et de rentes assurées. C’est la raison majeure de ce que l’on nomme maintenant la "résilience" des régimes. Des personnalités, souvent des technocrates respectés de la société, sont choisies pour former des gouvernements de transition et se trouvent impuissantes devant les privilèges des détenteurs réels du pouvoir. C’est le cas au Liban, en Irak, en Algérie, au Soudan. Tout est prévu pour que les changements apparents n’atteignent pas les coutumes du système.
Ces kleptocraties sont victimes de crises cycliques qu’elles sont parvenues jusque-là à juguler, mais le rythme des convulsions s’accélère. Les pouvoirs ont bien du mal à garder le contrôle de la rue en Irak, en Algérie, au Liban, et même en Égypte où les services de sécurité vivent depuis 2011 dans la hantise de ce que l’Égyptien moyen pourrait faire, davantage que dans la crainte des terroristes que l’armée combat dans le Sinaï.
Les régimes politiques qui ont survécu à la vague de 2011 ne montrent aucun signe d’ouverture qui permettrait une transition progressive et contrôlée vers une vie politique institutionnalisée.
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