Si le passé ne se répète pas, il faut néanmoins être attentif aux conditions actuelles : constats d’un décrochage scientifique de la France, d’un sous-financement chronique non compensé par la LPR, d’un accroissement de la compétition scientifique internationale…
Parmi les raisons majeures de ce décrochage, outre la question du financement et de l’organisation de la recherche dans notre pays, figure l’incapacité chronique à fixer des priorités scientifiques. Cela renvoie à la difficulté d’accepter que la France est une puissance moyenne de la science et de technologie, malgré des secteurs d'excellence. Il s’agit là d’un véritable tabou qui doit être dépassé par une analyse lucide de la situation de la France dans le monde.
Parce qu’une partie de la gouvernance supérieure concerne l'articulation entre la science et la décision, il est grand temps de renforcer le conseil dont peuvent bénéficier le Président de la République et le Premier ministre. À titre d’exemple, et quelles que soient les difficultés rencontrées, le conseil scientifique Covid-19 a constitué un pas en avant réel. Étant donné la spécificité de l'organisation gouvernementale et élyséenne, seule une structure dédiée et indépendante, produisant du conseil scientifique en matière de science, d'enseignement supérieur et de recherche, rattachée à l'exécutif pourrait être à même d’éclairer efficacement la décision.
Le cas des États-Unis est éclairant : le Président dispose depuis 1976 d’un Office of science and Technology Policy (OSTP) dont l’objectif est de conseiller la présidence en matière de politique publique de la science et de la technologie. Le spectre de l'OSTP est large, mais il est tout entier ordonné à la "maximisation des bénéfices de la science et de la technologie pour améliorer la santé, la prospérité, la sécurité, la qualité de l’environnement et la justice" pour l'ensemble des citoyens. Pour des raisons tant culturelles que politiques, la transposition de ce modèle semble impossible.
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