Des entreprises de plus en plus mobilisées sur le sujet
Si les États demeurent partagés sur l’opportunité ou non de mettre en place un passeport vaccinal, les entreprises, elles, s’organisent. Logiquement, c’est dans le secteur du voyage, du tourisme et de l’événementiel que les entreprises se montrent le plus enthousiastes et proactives, tant elles souffrent des conséquences de la crise sanitaire. Augustin de Romanet, le président d’Aéroports de Paris et Jean-Pierre Mas, le président des entreprises du voyage, défendent "la création d’un document unique, [numérique] et lisible grâce à un QR code". De même, l’Association internationale du transport aérien, qui représente 290 compagnies aériennes, élabore actuellement une application mobile qui servirait de passeport sanitaire digital.
Aux États-Unis, plusieurs entreprises et organisations à but non-lucratif, dont Microsoft, Oracle et la Mayo Clinic, ont formé la Vaccination Coalition Initiative, une initiative visant à établir un passeport de vaccination digital sécurisé qui permettra de protéger les données de ses utilisateurs grâce à la technologie. Celui-ci est déjà utilisé en phase de test par les compagnies aériennes américaines United Airlines et JetBlue. Ce projet se déroule sans l’aval du gouvernement fédéral américain, qui distribue pour l’instant des certificats de vaccination sous forme de cartes en papier.
Au-delà du passeport vaccinal, le défi de l’accès aux données de santé
Certains pays ont montré qu’un usage rapide des données est essentiel dans la lutte contre le Covid-19. Comme nous l’écrivions dans notre rapport E-santé : augmentons la dose !, les données de santé sont précieuses pour concentrer les efforts, casser les chaînes de contamination et cibler les personnes contaminées ou susceptibles de l’avoir été tout en protégeant ceux qui risquent le plus de développer une forme grave. Elles sont aussi un outil clé pour la réussite du déploiement et de l’utilisation des applications de "contact tracing".
À l’heure où la campagne de vaccination est en place et que le débat sur le passeport vaccinal émerge, les autorités françaises doivent s’interroger sur la nécessité de mobiliser les données de santé pour apprendre à vivre avec le virus tout en anticipant les futures vagues et pandémies. Une utilisation systématique des données de santé permettraient :
- une identification plus précise et rapide des populations à risque, grâce à une compréhension plus complète de la santé et des maladies humaines, y compris l'interaction entre les déterminants génétiques, les autres prédispositions et les modes de vie et déterminants environnementaux de la santé ;
- une meilleure surveillance des maladies transmissibles et non transmissibles, avec une meilleure anticipation des crises et des épidémies ;
- des stratégies de prévention et des interventions mieux ciblées de la part des acteurs tant publics que privés pour améliorer la promotion de la santé et la prévention des maladies tout en proposant des mesures adaptées aux personnes les plus fragiles en cas d’épidémie ;
- un pilotage plus agile des besoins et de l’offre et une grande agilité et adaptabilité.
Copyright : Christophe ARCHAMBAULT / AFP
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