L’Allemagne est ainsi parvenue à limiter le nombre de décès liés au coronavirus, sans imposer à sa population des mesures de confinement aussi drastiques que dans d’autres États européens. En plaçant la rationalité scientifique au cœur de sa stratégie, l’Allemagne a su définir une voie médiane entre la recherche de l’immunité collective et le contrôle à outrance de sa population : avec un nombre de décès rapporté au million d’habitant s’élevant à 118,6 morts durant la première vague - contre 658,9 au Royaume-Uni, 605,9 en Italie ou 502 en France - l’Allemagne affiche un bilan humain plus favorable que ses principaux voisins. Mais le succès de l’Allemagne durant la première vague ne la protège aucunement d’un éventuel rebond : ce succès pourrait au contraire conduire l’Allemagne à minimiser l’urgence d’une action déterminée pour protéger sa population.
Une croissance exponentielle du nombre de contaminations
Comme l’explique la Chancelière allemande dans une vidéo devenue virale par sa précision et sa pédagogie, le nombre de cas de contaminations recensés en Allemagne augmente désormais de façon exponentielle. Le 17 octobre 2020, l’Institut national de santé publique Robert Koch reportait ainsi 7 830 cas de contamination en 24 heures, un record depuis le début du déclenchement de l’épidémie. Si ce résultat s’explique en partie par le nombre de tests pratiqués - l’Allemagne réalise en moyenne 1 160 000 tests hebdomadaires depuis le milieu du mois de septembre, soit une moyenne comparable à celle de la France - il reflète également une situation sanitaire préoccupante qui pourrait rapidement dégénérer.
La situation épidémiologique allemande varie fortement d’une région à l’autre : si la région rurale de Berchtesgaden à la frontière autrichienne est la première à avoir ré-imposé un confinement total, les centres urbains d’Allemagne représentent actuellement les principaux foyers d’infections. Avec 100 nouveaux cas pour 100 000 habitants au 20 octobre, la capitale berlinoise tient le record des contaminations, loin devant la Rhénanie du Nord (62,3), le Bade-Wurtemberg (53,1), la Ville-État de Hambourg (52) ou la Bavière (50,3). Jusqu’à présent les Länder de l’Est, marqués par des taux d’urbanisation et des densités de populations moins élevés, apparaissent relativement épargnés.
Malgré l’inquiétude que suscitent ses nouveaux chiffres, les capacités du système de soins allemand, en particulier le nombre de lits en soins intensifs, apparaît encore comme le principal rempart contre un dérapage incontrôlée de l’épidémie. Comme l’explique Reinhard Busse, Directeur du département de la santé à l’Université technique de Berlin : "Nous devons casser cette dynamique, non pas parce qu’elle risquerait de submerger les capacités de nos hôpitaux, mais pour éviter des douleurs d’infections inutiles et minimiser les conséquences à long terme de cette crise". L’Allemagne compte en effet, au 15 octobre, 655 patients en réanimation alors que le nombre de lits en soins intensifs s’élève au niveau fédéral à 30 000 unités.
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