Le courage des Ukrainiens face à Poutine nous subjugue, dit Dominique Moïsi. Au fil des jours, ils apparaissent de plus en plus pour ce qu'ils sont devenus : la première ligne de défense du monde civilisé face à la barbarie. La première ligne de l'Europe. Poutine peut gagner la guerre, il ne gagnera pas la paix. Nouvel épisode notre série Ukraine, Russie : le destin d'un conflit.
Retrouvez la timeline de l’Institut Montaigne dédiée à remonter le temps et saisir la chronologie du conflit.
"Nous sommes tous Ukrainiens". Alors que le conflit entre dans sa deuxième semaine, les Européens et plus globalement le monde démocratique, éprouvent à l'égard de l'Ukraine ce que le monde ressentait à l'égard des États-Unis au lendemain du 11 Septembre 2001. La solidarité avec New York était le produit de la rencontre entre le sentiment de familiarité avec une ville monde faisant partie de notre imaginaire, et l'expression d'une vulnérabilité commune face au terrorisme islamiste. Invoquant l'article 5 du traité de l'Otan, les Européens se déclaraient prêts à venir au secours de leur grand frère, victime d'une attaque particulièrement spectaculaire et meurtrière.
En 2022, la familiarité avec l'Ukraine est moins grande qu'avec New York. Mais le sentiment de vulnérabilité commune est sans doute plus grand encore. La sidération devant le retour de la guerre en Europe a laissé place au fil des jours à une autre interrogation bien plus dramatique encore. Ces images en provenance d'Ukraine qui semblent sortir tout droit d'un film sur la Seconde Guerre mondiale pourraient-elles être celles de l'ouverture de la Troisième Guerre mondiale ?
Attaquer une centrale, un message d'absolue détermination
Au-delà de la guerre sur le terrain les présidents russe et ukrainien se livrent à une guerre de mots et à une guerre d'images qui semble obéir aux règles de l'escalade. En s'attaquant à une centrale nucléaire, sans hésitation et sans précaution particulière, le Président russe a voulu faire passer un message d'absolue détermination. "Dans ma conquête totale de l'Ukraine, rien ne m'arrêtera. Au lieu de continuer à aider les Ukrainiens, vous devriez les convaincre de se rendre avant qu'il ne soit trop tard, pour eux, comme pour vous. Autrement dit, ne pensez pas à établir une zone d'exclusion aérienne, vous risqueriez l'escalade vers le nucléaire".
Le Président ukrainien tire bien sûr des conclusions opposées de la démonstration de force de plus en plus irresponsable de Moscou. "Il faut arrêter Poutine avant qu'il ne soit trop tard : trop tard pour l'Ukraine, et trop tard pour l'Europe : il ne se contentera pas de Kyiv, il voudra Riga, Vilnius, Tallinn : trop tard pour le monde aussi, car on ne peut laisser un despote assoiffé de puissance, brandir impunément la menace d'utilisation de l'arme nucléaire".
L'Europe c'est la paix car Poutine c'est la guerre
Cette fois c'est différent (This time it's different) c'était le titre d'un excellent livre consacré à la crise financière et économique des années 2007/2009. "Cette fois c'est différent" pourrait servir de fil conducteur et d'explication à la crise potentiellement la plus grave à laquelle nous ayons à faire face depuis 1945. Certes, grâce à Poutine, l'Europe a retrouvé son récit fondateur. "Oui", l'Europe c'est bien la paix, car Poutine c'est la guerre.
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