Comment, dans ce contexte, expliquer alors l'approche diplomatique et la quête du dialogue presque à tout prix avec Moscou, privilégiée par Paris ? Au-delà de l'orgueil, on peut légitimement s'interroger sur les motivations philosophiques, culturelles, géopolitiques, politiques, ou autres, qui expliquent le choix d'une diplomatie qui a objectivement isolé Paris de la majorité des capitales européennes et occidentales.
Une certaine tradition gaulliste
Au-delà des préoccupations exprimées par Kissinger - les alternatives à Poutine seraient pires - il y a celles formulées par Jürgen Habermas. L'Europe - et chacun sait que le philosophe allemand est un partisan convaincu de la cause européenne - ne peut envisager son avenir sans maintenir une forme de lien avec la Russie. Habermas reflète dans ses propos une préoccupation qui est très "allemande" et traduit la proximité géographique, historique, culturelle entre Berlin et Moscou, sans oublier le poids spécifique de la culpabilité et du remords liés à la Seconde Guerre mondiale.
À force de mettre l'accent sur l'importance du couple franco-allemand, Emmanuel Macron, dans son rapport à la Russie, serait-il devenu plus "allemand" que les Allemands eux-mêmes ? De manière plus classique, n'est- ce pas le rapport de la France à l'Amérique et une certaine tradition gaulliste qui expliqueraient avant tout le rapport particulier entre Paris et Moscou ? Les intérêts de Paris ne sont pas ceux de Washington. Et ce d'autant plus que l'Amérique est devenue imprévisible en dépit de sa fermeté retrouvée, en apparence au moins, sur la question de l'Ukraine. Faire entendre la différence de Paris, n'est-ce pas aussi - n'en déplaise à la majorité des pays européens - affirmer la spécificité de l'identité de l'Europe sur la scène du monde ?
Poutine et Hitler
Il existe enfin une autre interprétation, plus philosophique et historique.
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