Comme il l’avait fait l’année dernière, le Président américain n’a pas hésité à brandir la menace : il a reproché aux pays de l’OPEC de maintenir à un prix artificiellement élevé le baril du pétrole, alors que, par ailleurs, les pays de ce club dépendent du soutien américain pour leur sécurité. Il a dénoncé l’Allemagne en raison de sa dépendance énergétique à l’égard de la Russie. Sur le plan commercial, il a clairement indiqué que son objectif était de renégocier les accords commerciaux dont il estime qu’ils fonctionnent au désavantage des Etats-Unis. M. Trump s’est notamment réjoui d’avoir rétabli des barrières douanières sur un ensemble de produits chinois représentant une valeur de 250 milliards de dollars.
Influencé, dit-on, par les tropismes personnels de son conseiller M. Bolton, M. Trump a cru bon de consacrer un paragraphe à dénoncer la Cour Pénale Internationale. Il a aussi distribué de rares bons points à quatre pays : l’Inde, l’Arabie saoudite, Israël et la Pologne.
Discours agressif, fondamentalement antipathique, et donc contre-productif ? Il faut être plus prudent dans l’appréciation. En premier lieu, il est un peu rapide de dire que le Président Trump est isolé, ou qu’il offre des Etats-Unis une image ridicule. Dans la réalité, le chef de l’Etat le plus puissant du monde ne peut pas être isolé et peut se permettre de braver le ridicule.
En second lieu, les Européens que nous sommes ne doivent pas sous-estimer l’écho que peut avoir chez les décideurs des Etats émergents et des pays en voie de développement la philosophie articulée avec une grande clarté par Donald Trump. Le Président américain a par exemple souligné que chaque pays avait le droit de défendre ses intérêts et ceux de ses citoyens dès lors qu’il respecte les "droits de ses voisins". Lorsqu’il indique que "l’Amérique préférera toujours l’indépendance et la coopération à la gouvernance globale, le contrôle et la domination", lorsqu’il précise "les Etats-Unis ne vous diront jamais comment vous devez vivre, ou travailler, ou prier", M. Trump peut susciter le scepticisme, car il y a évidemment un décalage entre ses paroles et la politique effectivement menée par son pays (que l’on songe aux sanctions à l’encontre de l’Iran). Et pourtant, il est clair que c’est là un discours que les dirigeants de beaucoup de pays aiment entendre.
Une phrase plus que d’autres résume le message du Président Trump : "nous rejetons l’idéologie du globalisme, et nous adhérons pleinement à la doctrine du patriotisme".
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