La loi du plus fort
Dans un monde toujours plus dur, où une logique de "blocs" est en train de se reconstituer sous nos yeux, comme au temps de la guerre froide, est-il raisonnable pour les Britanniques de se retrouver plus seuls encore face aux Chinois ? C'est au moment où le Royaume-Uni voulait faire la démonstration de la justesse de son choix de devenir une puissance globale, entre l'Asie et l'Occident, libéré des contraintes de l'Union, qu'il se retrouve dans un isolement qui n'a rien de splendide, entre une Chine de plus en plus agressive et une Amérique de moins en moins rassurante. Que vaut l'idéal de liberté s'il signifie, dans la réalité, le choix de la solitude au plus mauvais moment ? Comme le faisait remarquer récemment Chris Patten, le dernier gouverneur de Hong Kong, la Grande-Bretagne n'est plus "qu'une puissance moyenne", et face à la Chine, elle ne fait tout simplement pas le poids, et surtout pas sur le plan du commerce.
Hier encore, au sein de l'Union européenne - un acteur qui compte en la matière - elle pouvait prétendre faire (presque) jeu égal avec la Chine. Dans le rapport de forces actuel, la main tendue de Londres aux citoyens de Hong Kong fait paradoxalement preuve d'une qualité traditionnellement associée aux Français, plus qu'aux Britanniques : le panache. À moins, bien sûr, qu'il ne s'agisse que de "paroles" : une offre d'autant plus généreuse, que l'on sait à l'avance qu'elle ne pourra pas être sérieusement suivie d'effet. Combien de citoyens de Hong Kong auront-ils la possibilité de choisir la liberté et cet État de droit que les Britanniques ont instillé en eux avec succès au fil du temps ? Beijing se sent en position de force et, au-delà de la Grande-Bretagne, souhaite faire la démonstration de sa puissance, pour dissuader le monde extérieur de s'occuper, de ce qui, en réalité, le regarde : la remise en cause des traités, l'application de la loi du plus fort.
Menace chinoise
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