Ce n’est pas impossible en effet, mais à condition d’observer que cela dépend beaucoup de ce que sera le comportement effectif des autorité iraniennes elles-mêmes s’agissant de leur programme.
À cet égard, les Iraniens font valoir que les mesures de non-respect de leurs engagements nucléaires sont réversibles – et donc relativement inoffensives. C’est une assertion contestable depuis qu’au mois de septembre 2019, ils se sont affranchis des limites que leur imposait l’accord dans le domaine de la recherche et du développement. Le risque existe en effet qu’ils se dotent d’un nouveau type de centrifugeuses beaucoup plus performantes dans la production d’uranium enrichi. Celles-ci pourraient entrer notamment en fonction sur le site de Fordow, que précisément les Iraniens, toujours au titre du less for less, ont décidé en novembre de rouvrir (là aussi en contradiction avec les dispositions du JCPOA). L’addition de ces différentes violations laissent donc craindre que l’Iran ait entrepris de réduire le temps dit de break out qui le sépare de la possession d’une bombe.
Un jeu de go procédural
Il n’est pas négligeable certes que les Iraniens n’aient pas remis en cause le rôle des inspections de l’AIEA, qui peuvent apporter une certaine visibilité sur leur programme nucléaire. Le prochain rapport de l’Agence en février sera scruté avec une attention particulière. Parallèlement, et s’il fonctionne conformément aux vœux des Européens, le mécanisme de règlement des différends peut offrir une enceinte permettant aux différentes parties d’exposer leurs préoccupations. L’objectif des Européens est évidemment d’obtenir que l’Iran revienne au respect total de ses engagements ; l’Iran, s’il veut jouer habilement, pourrait en tout cas tenter de donner des garanties sur le caractère supposé "limité" de ses violations – ne serait-ce que pour conserver l’indulgence des Russes et des Chinois et éviter que les Européens en viennent à la saisine qu’ils redoutent du Conseil de Sécurité.
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