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25/10/2017

L’image altérée de la France en Afrique

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L’image altérée de la France en Afrique
 Michaël Cheylan
Auteur
Contributeur sur les questions africaines

L’image de la France en Afrique francophone se dégrade, quand bien même notre pays continue d’y jouir d’un certain prestige. C’est ce qui ressort d’un rapport commandé en 2016 sous la présidence de François Hollande. La question a été débattue fin août dernier à Paris à l’occasion de la Semaine des ambassadeurs. Toutefois, le constat n’est pas nouveau. Une précédente enquête avait déjà conclu dans le même sens. C’était en… 2008.

"En réalité,le phénomène répond davantage à une logique politique ou économique"

Certes, on pourrait penser, en première analyse, que la France souffre de son passé colonial (une période qu’une écrasante majorité d’Africains n’a pas connu) ou des turpitudes de la Françafrique (dont les réseaux vieillissants cachent mal le fait qu’une infime minorité permet à certains de jeter l’opprobre sur le plus grand nombre) ou encore des errements de sa "politique africaine" (qui a souvent bon dos). En réalité, le phénomène répond davantage à une logique politique ou économique, celle d’acteurs, africains et internationaux, qui, ponctuellement ou durablement, ont intérêt à agiter le chiffon rouge pour pousser leur avantage.

Devenu presque récurrent, le dénigrement de la France en Afrique francophone atteint souvent son acmé à l’occasion des campagnes électorales. Celles-ci sont souvent le lieu d’une vulgate désinhibée à l’encontre de notre pays. Ce fut le cas notamment lors de l’élection présidentielle en Centrafrique (décembre – février 2016), au Bénin (en février – mars 2017) ou encore au Gabon (en août 2016), pour ne prendre que quelques exemples récents. Chaque fois, le même scénario se produit : pour discréditer l’adversaire, ses challengers le dépeignent comme le "candidat de la France" (suprême opprobre) ou, dans une version à peine édulcorée, s’emploient à dénoncer "la main de la France" qui chercherait à orienter les résultats du scrutin dans un sens supposé lui être favorable. Un propos d’estrade daté, à mille lieux de la réalité d’aujourd’hui.

"Les coups de boutoir contre l’image de la France en Afrique francophone [... ] handicapent les acteurs"

Face à pareille situation, les pouvoirs publics français ne sauraient rester silencieux. D’autant que, souvent, on voit ces mêmes contempteurs de la France, élus ou battus, manifestement guère embarrassés par la contradiction, s’empresser de venir dans l’Hexagone à la recherche d’un soutien, d’une oreille attentive, d’une assistance médicale ou autre. 

Le sujet pourrait paraître quelque peu conceptuel, voire anecdotique. Pourtant, ses incidences en pratique sont réelles et majeures. Les coups de boutoir contre l’image de la France en Afrique francophone, qui impactent durablement l’imaginaire de la jeunesse africaine et modèlent les discours de certains dirigeants à la recherche de boucs émissaires pour masquer leurs propres turpitudes, handicapent les acteurs français (publics comme privés) dans le déploiement de leurs initiatives en Afrique. 

A l’heure de la mondialisation, où la bonne image d’un pays est considérée comme l’un des attributs majeurs de son influence, nos dirigeants doivent se saisir pleinement de cette problématique. Il en va de notre soft power mais également de l’efficacité de notre action (celle des acteurs publics comme des acteurs privés) dans les pays concernés. 

Espérons donc que les pouvoirs publics français dans leur ensemble aient pris toute la mesure du problème et envisagent – enfin – l’élaboration de stratégies qui permettraient – vraiment – d’y parer.
 

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