De fait, pour aller à l'essentiel, on pourrait dire aujourd'hui que l'Europe vote Emmanuel Macron (à l'exception notable de la Hongrie d'Orbán) et espère et croit en sa victoire. Ce ne sont pas les camionneurs qui entendent bloquer Paris qui devraient modifier cet état de choses. Si leur priorité est vraiment la défense de la liberté, ils devraient rouler vers Kiev et non vers Paris et Bruxelles.
Ne pas tomber dans une politique "munichoise"
Il demeure certes un doute sur la politique étrangère du Président Macron. À force de pratiquer avec subtilité le "en même temps", on peut se perdre dans les arcanes de sa pensée et avoir un doute sur la compatibilité des objectifs qu'il poursuit. Il est clair qu'en Ukraine, ce qui est une exigence incontournable pour Moscou est une ligne rouge pour Kiev et vice versa. Le Président français veut à tout prix éviter l'escalade vers la guerre. Mais jusqu'où veut-il, peut-il aller, pour apaiser Poutine, sans tomber dans une politique d'apaisement "munichoise" à son égard ? Il entretient délibérément le doute sur ses relations avec Washington et l'Otan.
Y a-t-il, comme il le laisse entendre, une parfaite division du travail entre Paris et Washington ? Ou bien le Président français se perçoit-il plutôt comme un intermédiaire à égale distance entre Washington et Moscou : et dont l'ambition est de promouvoir le rôle diplomatique et stratégique de l'Europe, plus encore que la défense de ses valeurs ?
Avec l’aimable autorisation des Echos, 14/02/2022.
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