La communication met particulièrement l'accent sur "l'effet de levier". "L’UE devrait utiliser les liens établis entre [s]es différents domaines et secteurs [d’intervention] pour exercer une influence plus grande en vue d'atteindre ses objectifs"(le texte français emploie indifféremment les termes "influence" et "effet de levier"). Elle doit utiliser les instruments internationaux pour obtenir une réciprocité en matière de marchés publics. Bien qu'il s'agisse d'une pratique courante et réaliste dans les négociations internationales, le lien entre différentes négociations n’est pas une pratique courante de l'UE, qui lui a toujours préféré une approche par sujet, plus idéaliste... Les États membres devraient accélérer la mise en œuvre des instruments financiers vers les pays candidats (lire : les Balkans, ciblés par la Chine) et vers les pays du voisinage (lire : formuler une réponse aux offres que porte la Belt & Road initiative). Ils doivent mettre en oeuvre la nouvelle réglementation sur le contrôle des investissements. Il s’agit aussi d’adopter une approche commune en matière de sécurité des futurs réseaux 5G - on serait tenté d’ajouter : à la différence de l'anarchie qui règne actuellement dans les plans de déploiement. Plus généralement, l'UE doit "favoriser la coopération industrielle transfrontalière, avec des acteurs européens forts, autour de chaînes de valeur stratégiques". C’est un appel à l’action des États membres sans attendre des directives de l'UE : l'UE ne cherche pas à mener elle-même une politique industrielle, elle encourage les États membres à la développer dans une approche pragmatique et transfrontalière.
Ces pistes d'action, solides, arrivent à un moment très délicat. La Chine a été inscrite à l'ordre du jour de la réunion du 21 mars du Conseil de l’Union européenne - si, en pratique, la question Brexit ne compromet pas ledit ordre du jour. Xi Jinping rend visite, une fois encore, à plusieurs pays européens. Le sommet UE-Chine se tiendra le 9 avril, en pleine campagne des élections européennes.
Cette Commission bientôt sur le départ, si souvent accusée de négliger les intérêts européens alors que les États membres eux-mêmes adoptent trop souvent des postures opportunistes et court-termistes, fixe un agenda réaliste pour faire face à l'assaut de la concurrence chinoise. Cela mérite un soutien clair de la part des gouvernements des États membres, et devrait servir de base pour l’action de ses successeurs.
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