Jean-Luc Mélenchon propose de lutter contre le non-recours aux droits sociaux et civiques par la simplification des démarches. L’écologiste Yannick Jadot se positionne lui aussi sur la question des allocations familiales, en proposant d'octroyer les allocations familiales dès le premier enfant, tandis que Valérie Pécresse promet d’attribuer des allocations familiales d'un montant de 900 euros par an (75 euros par mois) elle aussi dès le premier enfant, et d’augmenter de 15 % le montant des allocations pour le deuxième et le troisième enfant. Ces mesures auraient un impact particulier dans les quartiers, où les taux de natalité sont relativement élevés.
Enfin, en matière de jeunesse, le candidat Jean-Luc Mélenchon propose de verser une allocation d'autonomie de trois ans, sous réserve d'une formation qualifiante et sous conditions de ressources, pour les 18-25 ans, tandis qu’Anne Hidalgo propose d’allouer 5000 euros pour les jeunes quand ils atteignent 18 ans, sur critères sociaux, pour les classes populaires et moyennes. Valérie Pécresse entend créer un revenu jeune actif d'un montant de 670 euros pour les jeunes souhaitant se former dans les métiers qui recrutent et le Président candidat Emmanuel Macron souhaite faire accéder 200 000 jeunes au plan "1 jeune, 1 solution" d'ici fin 2022. Ces mesures vont dans le bon sens. Mais, elles ne traitent pas un sujet spécifique aux quartiers pauvres, celui de la petite enfance, ce moment de la vie où se forment les inégalités. Sur cette question, un “droit opposable à la garde d’enfants”, pour Emmanuel Macron ou la création d’un service public de la petite enfance et l’ouverture de 500 000 places en crèche en cinq ans pour Jean-Luc Mélenchon sont proposés.
Enfin, le Président candidat Emmanuel Macron a annoncé à Dijon le 28 mars dernier un plan "Quartiers 2030" - avec une attention sur l’école, le renouvellement urbain, l’entrepreneuriat, la vie associative et la santé -, mais le contenu de ce plan pour les quartiers n’est pas encore dévoilé.
Donner la parole et le pouvoir d’agir aux habitants : un impératif du prochain quinquennat
Si les propositions pour les quartiers manquent, quelles sont les demandes et attentes des habitants vis-à-vis de cette élection et du prochain quinquennat ?
D’abord, il est important de rappeler que les quartiers pauvres se caractérisent surtout par leur diversité. L’Institut Montaigne, dans son rapport d’octobre 2020, avait élaboré une typologie de ces territoires : les quartiers métropolitains, situés en périphérie des grandes métropoles et en particulier en Île-de-France, dont ils profitent du dynamisme économique et y contribuent. Les quartiers "post-industriels" situés sur les anciens bassins industriels du Nord et de l’Est de la France sont marqués par un fort taux de chômage, particulièrement de leur jeunesse. Enfin, les quartiers "excentrés", situés à l’intérieur ou en périphérie des petites villes et villes moyennes, affichent un taux de pauvreté relativement moins important que les autres quartiers. Loin des clichés, les quartiers et leurs habitants sont multiples, tout comme leurs intentions de vote.
Selon un sondage de l’IFOP paru en janvier dernier, une distinction se dessine entre les banlieues populaires qui ne sont pas situées en QPV (caractérisées comme les communes situées en périphérie d’une agglomération qui affichent un niveau de vie médian annuel par habitant qui les classent parmi les 10 % des "banlieues" les plus pauvres de France) et les QPV à proprement parler. Alors que les premières penchent à droite (58 % des habitants sondés indiquent leur préférence pour un candidat situé à droite de l’échiquier politique, avec 42 % pour un candidat à l’extrême-droite), les habitants des QPV, marqués par une proportion plus importante d’habitants issus de l’immigration, continuent d’être situés à gauche (56 % des habitants sondés expriment une préférence pour un candidat situé à gauche de l’échiquier politique, 46 % des habitants sondés pour un candidat de la gauche radicale). Cette nouvelle tendance illustre l’importance du vote d’extrême-droite dans ces quartiers où elle supplante maintenant la gauche (qui réalise pour l’ensemble de ces quartiers 36 % des intentions de vote) : les discours identitaires sont reçus favorablement parmi les habitants de quartiers limitrophes aux HLM.
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