Facebook et Google ont travaillé avec des chercheurs de Carnegie Mellon sur un projet visant à tracer les symptômes du Covid-19. Google a aussi proposé des rapports de mobilité fondés sur le tracking de leurs utilisateurs "pendant une période limitée tant que les autorités publiques sanitaires les trouvent pertinents pour la lutte contre la propagation du virus." Ces efforts sont bienvenus : théoriquement, nous avons besoin de toute l’aide possible pour combattre cette maladie. Pour autant, pourquoi les entreprises parviennent-elles à partager leurs données plus rapidement qu’avant ? Et pourquoi les entreprises devraient décider quand elles fournissent ces données publiques ?
Lors des derniers mois, les réseaux sociaux en ligne ont évolué bien plus rapidement qu’ils ne l'avaient fait auparavant pour mettre en œuvre des mesures que les employés et l’exécutif perçoivent comme permettant de sauver des vies. Il semble opportun de lancer un nouveau débat, pour explorer la manière dont les plateformes pourraient établir des politiques de modération plus pérennes pour certaines informations, et particulièrement les informations vitales. Quels changements fondamentaux doivent avoir lieu à ce sujet, à un moment où les informations anti-vaccin créent le risque qu’un vaccin contre le coronavirus puisse ne jamais parvenir à combattre la pandémie, même si nous parvenions à en développer un rapidement ?
En effet, une grande part des problèmes sous-jacents à la gouvernance des plateformes perdure. La politique de Twitter concernant les conspirations sur la 5G est arrivée trop tard pour éviter leur propagation au Canada, où des pyromanes ont attaqué plusieurs antennes. Les médecins dans de nombreux pays ont signé des pétitions demandant aux plateformes d’en faire davantage pour combattre la désinformation dangereuse. Le Reuters Institute for the Study of Journalism a étudié 225 messages de désinformation sur le Covid-19. 88 % de ces messages ont été propagés sur les réseaux sociaux, alors que 9 % seulement étaient apparus à la télévision et 7 % sur d’autres sites internet. La semaine du 8 mai, une vidéo conspirationniste décrivant le coronavirus comme une "plandémic" se propageait rapidement sur YouTube, en partie à travers des actions coordonnées par des groupes QAnon (une communauté conspirationniste d’extrême droite) sur Facebook. Une réforme sur une seule plateforme ne résoudra pas ces problèmes.
La crise a déjà démontré que les entreprises ont la volonté d’agir. Et, contrairement à ce qu’elles avaient insinué précédemment, elles peuvent le faire rapidement et largement. Cette volonté louable de répondre à la crise est une preuve que les entreprises peuvent mieux faire, et que nous sommes dans notre droit de le leur demander.
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1 Remarque de l’Institut Montaigne : depuis la publication de l’article, Twitter a également pris des mesures concernant les messages du Président américain, en invitant ses lecteurs à vérifier les faits. Cela a créé un bras de fer entre les plateformes et le milieu politique américain, qui soupçonne ces premières de biais contre le parti Républicain.
2 Voir Note 1
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