- La crypto-idéologie véhiculée par le courant anti-libéral mondial et que Poutine, dans son interview au Financial Times a bien résumé : dans un monde beaucoup plus dur qu’autrefois, les valeurs traditionnelles, l’autorité, la nation rassemblée autour d’un chef, tout cela constitue (selon le "message poutinien") un viatique beaucoup plus protecteur des simples citoyens que les idées libérales;
- Le défi philosophique que constitue le succès de la Chine : pour la première fois, le progrès économique, incontestable, époustouflant même, ne va pas de pair avec le progrès des libertés.Un aspect du défi chinois retient particulièrement l’attention : l’exportation par la Chine dans des pays dirigés par des autoritaires de techniques de contrôle social de haute technologie.
Comment l’Europe – du moins l’Europe qui reste attachée à la démocratie libérale – peut-elle réagir ?
D’abord, une prise de conscience est nécessaire. Notamment en France, où il ne fait pas partie de nos traditions diplomatiques de tenir compte des différences de régimes politiques. Or aujourd’hui le courant antilibéral global – incarné par les nouveaux autoritaires - a atteint une masse critique telle qu’une réaction est nécessaire si nous voulons rester ce que nous sommes.
Ensuite, le plus important est sans doute de "tenir", de rester fidèles à nos principes : bien des événements dans le monde (en Algérie, au Liban, en Irak, à Hong-Kong, à Moscou, au Chili etc.) traduisent sans doute un malaise social planétaire ; ces événements indiquent aussi, comme cela a été aussi le cas des récentes élections en Turquie, que le modèle autoritaire n’offre ni protection contre la colère des peuples ni solutions aux problèmes qui provoquent cette colère. Une "crise du modèle autoritaire" est devant nous.
Enfin, l’Europe peut-être à la fois le laboratoire où s’élabore un nouveau libéralisme et une plateforme pour soutenir les sociétés civiles dans les pays de notre voisinage. Ce sont les sociétés civiles – comme d’ailleurs cela avait été le cas en Europe centrale dans les années précédant la chute du mur de Berlin – qui peuvent le mieux construire, au moins dans certains pays, des alternatives aux pouvoirs autoritaires.
L’ouvrage publié par l’Institut Montaigne et les éditions de l’Observatoire, Le monde des nouveaux autoritaires, ne développe pas ces pistes d’action (il y faudrait un autre livre). Il présente en revanche les pièces du dossier "nouveaux autoritaires" dont une bonne compréhension est un point de départ indispensable. La collection de portraits qu’il offre au lecteur est saisissante et ouvre, croyons-nous, des perspectives nouvelles à la réflexion.
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