Il est vraisemblable enfin que le Covid-19 a contribué à la puissance de la protestation anti raciste car les conséquences économiques et sociales de la crise ont mis à nu le système d’inégalités cumulées, reposant largement sur la question raciale, qui sous-tend encore la société américaine du XXIe siècle : ce sont les plus pauvres, souvent de couleur, qui perdent leurs emplois, se retrouvent sans assurance, ne peuvent plus payer leur loyer, etc.
À la lumière du Covid-19 donc, derrière la question raciale, surgit en pleine lumière celle des inégalités.
La sénatrice aux parents venus d’ailleurs
C’est ici qu'entre en scène le choix de Kamala Harris comme colistière. Joe Biden avait très rapidement déclaré qu’il souhaitait une femme comme vice-présidente. Arithmétiquement, il aurait pu recruter une politicienne blanche, puisque le vote noir, et plus généralement le vote des électeurs de couleur, lui paraissait acquis. Elizabeth Warren faisait difficilement l’affaire en raison de son âge et de ses positions "radicales", de nature à repousser l’électorat modéré.
D’autres noms de gouverneurs ou de responsables du parti du genre féminin et de race "caucasienne" auraient pu apporter au "ticket" Démocrate un appui en voix intéressant pour le candidat Biden, notamment dans ces États du Midwest où en définitive se déterminera comme en 2016 l’élection présidentielle.
Toutefois, le candidat et ses conseillers ont vite compris que les griefs accumulés par les Afro-Américains, poussés à bout par les provocations de Trump, exigeaient une vice-présidente issue de leur communauté. Là aussi, de nombreux noms ont circulés, soigneusement épluchés par le comité de sélection mis en place par Joe Biden. Les candidates possibles avaient cependant toutes des handicaps : la respectée présidente du Black Caucus à la Chambre des Représentants, Karen Bass, avaient montré par le passé une tolérance rédhibitoire pour le régime castriste ; l’ancienne ambassadrice d’Obama à l’ONU, Suzanne Rice, proche de Joe Biden n’avait pas d’expérience politique ; son curriculum vitae la rendait en outre vulnérable aux critiques des Républicains. D’autres personnalités légitimes manquaient d’une stature nationale.
Kamala Harris, sénatrice de Californie, candidate elle-même au départ de la course à l’investiture de son parti, rapidement éliminée lors des primaires, aussi centriste que l’ancien vice-président d’Obama, représente-t-elle pour Biden un choix par défaut ? Ce serait excessif de le dire, tant l’envergure intellectuelle de l’ancienne procureur de Californie, son charisme, son énergie, la désignent avec évidence pour un grand destin. Elle possède a priori le profil – ou du moins le "potentiel" - d’une "Veep" capable de remplacer un Président âgé en cas de malheur, et de porter les couleurs du parti Démocrate lors des élections de 2024.
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