La gestion du confinement est désormais étudiée par les économistes de la santé, certains considérant que ces mesures étaient exagérées. Selon le think tank libéral danois CEPOS, le coût des traitements liés au Covid-19, dont le taux de mortalité est relativement bas, est beaucoup plus élevé que pour d’autres pathologies habituellement traitées dans le pays. Ce scepticisme est rejoint par Lars Lokke Rasmussen, député du parti libéral danois et ancien Premier ministre, qui déclarait dans une tribune publiée dans le quotidien danois B.T., en reprenant un tweet du Président américain, "Cela arrive rarement mais je suis d'accord avec Donald Trump : le remède ne doit pas être pire que le problème !". Le déconfinement engagé, certains partis politiques, notamment le parti libéral, estiment qu’il faut accélérer celui-ci pour relancer les secteurs essentiels à l’économie, en actant notamment la réouverture des centres commerciaux et des restaurants.
De son côté, l’institution publique danoise De Økonomiske Råd estime que le Danemark pourrait être confronté à deux scénarios. Le premier est une vision optimiste des effets du Covid-19 sur l’économie : une stabilisation relativement rapide avec une baisse de 3,5 % du PIB. Le second, plus pessimiste, prévoit une baisse de 5,5 % du PIB. En comparaison, il était prévu à l’automne 2019 une hausse de 1,9 % du PIB danois pour 2020. De Økonomiske Råd propose quant à lui de réduire la taxe sur l'électricité et d'augmenter la taxe sur le CO2, pour stimuler à la fois l'économie et le changement vert.
Si l’on observe la stratégie adoptée par la Suède, un non-confinement a certes moins de conséquences à court terme sur l’économie. Il entraîne malgré tout un changement dans les comportements : les commerces et restaurants sont ouverts mais leur fréquentation est en baisse. Les échanges internationaux sont au ralenti. Mais il est difficile de savoir si à long terme, la Suède s'en sortira économiquement mieux que son voisin danois.
La fermeture de larges pans de la société a indéniablement un coût particulièrement élevé pour l’économie danoise. Mais l’enjeu repose également dans la confiance que la société danoise met dans ses institutions et ses instances de décision.
Une confiance réaffirmée envers les institutions
Selon un sondage Voxmeter pour l’agence de presse danoise Ritzau publié le 3 avril, les intentions de vote pour le parti social-démocrate, actuellement au pouvoir, ont augmenté de 2,5 %, les plaçant à 8 % de plus que les résultats des dernières élections législatives de juin 2019, au cours desquelles le parti de centre gauche retrouvait la majorité après 4 années passées dans l’opposition.
Ce même sondage indique que 86,3 % des répondants pensent que "le gouvernement a fait ce qu’il fallait" pour faire face à la pandémie, alors que 80 % d’entre eux affirment leur confiance dans les décisions prises par le gouvernement. Le taux de confiance envers les institutions est certes traditionnellement élevé au Danemark en comparaison avec d’autres pays : une étude d’Eurofound de 2019 estime ce taux à 65 % chez les Danois, contre 47 % pour les Français. Mais la Première ministre danoise ne jouissait pas d’une telle popularité avant la crise : son taux de confiance est passé de 39 % le 4 mars à 79 % le 2 avril.
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